Signé Olrik ! Le nouveau Blake et Mortimer

Symbole mythique de la bande dessinée grand public, Blake et Mortimer, est devenue au fil des ans un best-seller incontestable. La fascination exercée par cette série reste intacte : pour preuve, un succès qui ne se dément pas pour les talentueux repreneurs de la série. 

Entre légendes arthuriennes, menaces d’un groupe indépendantiste des Cornouailles et manigances d’Olrik, une nouvelle aventure très British qui met à l’épreuve nos deux héros !

Back to top

Signé Olrik !

Alors qu’il croupit dans la prison londonienne de Wandsworth, le « colonel » Olrik assiste depuis la fenêtre de sa cellule à un événement étrange : un avion passe devant l’établissement en larguant des tracts, signés par un mystérieux The Free Cornwall Group. 

Pendant ce temps, à Scotland Yard, le capitaine Francis Blake tient entre ses mains l’un de ces papiers tombés du ciel, qui émanent d’une organisation nationaliste hostile à l’immigration dans les Cornouailles. Lors d’une réunion de crise organisée à Scotland Yard, il est décidé que Blake, chargé d’élucider ce mystère en dix jours, partira dès le lendemain pour cette région. 

Coïncidence heureuse : son grand ami, le professeur Philip Mortimer, doit justement s’y rendre afin d’acheminer le prototype de sa nouvelle invention, une excavatrice surnommée « la Taupe ». 

Et tandis que Mortimer, durant son voyage en train, approfondit sa connaissance de l’histoire des Cornouailles, de la culture celtique et de la légende du roi Arthur, Blake découvre que celui qui peut lui apporter la solution n’est autre qu’un certain… Olrik !
 

Back to top

"André Juillard ne s’arrêtait jamais de dessiner"

Signé Olrik est l’ultime aventure de Blake et Mortimer dessinée par André Juillard, décédé en juillet dernier. Comme toujours, et en dépit de la maladie, celui-ci a mis tout son talent et son professionnalisme au service de cette histoire qui voit Philip Mortimer et Francis Blake explorer une nouvelle région de l’Angleterre, ce pays que le dessinateur des 7 Vies de l’Épervier prenait tant de plaisir à mettre en scène et à magnifier par son trait élégant.

Yves Schlirf, éditeur de Blake et Mortimer, témoigne du travail d'André Juillard, avec qui il a collaboré durant près de 30 ans.

"André Juillard a mis un point d’honneur à terminer cet album dans les délais. Il nous a d’abord envoyé 55 planches en septembre 2023, ce qui nous a permis de lancer la mise en couleurs et les retouches nécessaires, puis les 7 dernières sont arrivées en avril dernier.

Il n’a jamais été en retard, il travaillait régulièrement, malgré la maladie. André ne s’arrêtait jamais de dessiner. Sur les photos prises dans son atelier, quelques jours après sa disparition, on peut voir ses planches et ses dessins, comme s’il était parti se balader en bord de mer et qu’il allait revenir d’un instant à l’autre…

André tenait beaucoup à cette couverture qui montre Olrik derrière les barreaux. Il a toujours aimé le dessiner. Selon moi, de tous les artistes qui ont repris Blake et Mortimer, c’est lui qui s’est le mieux approprié Olrik. Il lui donnait une espèce d’élégance, tout en faisant de lui un personnage ambigu, entre l’espion et l’aristocrate déchu. Dans les autres titres de la série, Olrik est rarement présent en couverture. Il figure seulement sur L’Affaire du collier, L’Onde Septimus et Le Cri du Moloch. Lorsque nous avions envisagé l’idée de le faire « gagner », afin qu’il ne soit pas l’éternel perdant, nous avions évoqué la possibilité de le mettre en avant.

Le personnage d’Olrik va continuer à évoluer dans les prochains albums de la saga, mais nous ne savons pas encore de quelle manière. Peut-être fera-t-il un jour l’objet d’une série parallèle, qui sait ? 

Back to top

L'Abécédaire d'Yves Sente

Yves Sente partage avec nous les réflexions, le travail et l'amitié qui sont les éléments fondamentaux de cet album de Blake et Mortimer

André

Yves Sente : "Depuis vingt-cinq ans, 

André et moi nous parlions régulièrement pour nous tenir informés de l’évolution de l’album. Je sais qu’il a donné le meilleur de lui-même jusqu’à la fin, et Signé Olrik restera comme son « œuvre-testament ». Assurer seul la promotion de ce nouvel album sera pour moi une épreuve pénible, car, d’habitude, c’était un moment privilégié où André et moi nous retrouvions pour évoquer l’avenir de la série en sirotant un bon whisky, le soir, après les séances de dédicaces."

Signé Olrik 

Yves Sente : "Le thème de l’album vient d’une idée d’André. Un jour, il m’envoie un dessin sur lequel Philip Mortimer explique à Francis Blake que les Cornouailles pourraient faire un bon décor pour une de leurs aventures. « En effet, mais c’est à notre ami Yves d’en décider ! », lui répond Blake. André avait ajouté, en dessous de son dessin : « Qu’en penses-tu ? »

 Il m’avait expliqué qu’il n’avait plus envie de décors « exotiques », comme l’Inde des Sarcophages du 6e continent, et qu’il préférait mettre en scène l’Angleterre. Nous avions déjà envoyé Mortimer et Blake à Londres, à Liverpool et à Oxford, il restait donc à trouver un cadre original.

Je me suis documenté sur les légendes arthuriennes et je me suis dit qu’elles ouvraient des possibilités à l’imagination, à condition d’éviter les clichés. André n’était pas du genre à imposer un thème qui lui plaisait. Il se contentait de suggérer, de manière très élégante. En vingt-cinq années de travail, nous n’avons jamais échangé un mot plus haut que l’autre ni connu la moindre tension. Il m’avait d’ailleurs dédicacé une planche originale en écrivant : « Pour Yves Sente, en témoignage d’une collaboration sans nuage. »"

Scénario

Yves Sente : "Je m’efforce toujours de trouver un sujet de scénario qui soit crédible dans les années 1950 tout en étant évocateur pour les lecteurs d’aujourd’hui. Dans La Machination Voronov, j’ai traité des armes bactériologiques. Nous étions au tout début des années 2000, en pleine psychose occidentale à l’égard des armes chimiques qu’aurait détenues l’Irak. Le thème était on ne peut plus d’actualité. Les Sarcophages du 6e continent mettait en scène l’Exposition universelle de Bruxelles, en 1958, et abordait aussi, en filigrane, la décolonisation.

 

Pour le lecteur d’aujourd’hui, il fallait se montrer beaucoup plus complets et lucides dans notre approche du sujet qu’en 1958. J’avais découvert un jour que Edgar P. Jacobs choisissait le sujet des aventures de Blake et Mortimer en fonction de l’accueil qu’avait reçu le précédent épisode. 

À la parution du Secret de L’Espadon, il s’était vu reprocher par certains de raconter une histoire de guerre, alors que l’Europe sortait tout juste de la Seconde Guerre mondiale. Il avait donc changé d’angle avec Le Mystère de la grande pyramide, mais ces mêmes lecteurs, jamais satisfaits, regrettaient l’absence d’engins fantastiques… 

Tout au long de sa carrière, il a recherché l’assentiment général. Consciemment ou pas, je crois que c’est le cas de tous les auteurs, même si nous savons bien que nous ne l’obtiendrons jamais.

Migrants

Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux jeunes Anglais sont morts au combat. Il a fallu faire appel à une main-d’œuvre venue d’Inde, du Pakistan ou d’Afrique du Sud pour les remplacer dans les mines de Cornouailles, et les tensions avec la population locale se sont multipliées. 

L’immigration est un phénomène universel et qui ne date pas d’aujourd’hui. Cette situation nous renvoie au monde actuel, et le récit évoque un enjeu sociétal contemporain majeur.

Modernité 

Pour Edgar P. Jacobs, les aventures de Blake et de Mortimer étaient contemporaines. Pour les lecteurs de 2024, il s’agit d’une bande dessinée historique. Ils ont envie de retrouver leur madeleine de Proust... Ils veulent qu’on leur propose des histoires conformes à celles qu’ils lisaient quand ils étaient enfants et adolescents. Mais c’est impossible, car les albums ressembleraient à un pastiche, et ils seraient perçus comme vieillots, voire ringards ! 

Nous devons bien entendu respecter les codes « jacobsiens », mais nous sommes aussi contraints d’apporter une touche de modernité. Avec André, nous avions en tête cette préoccupation dès que nous avons commencé à travailler sur la série. Nous avons toujours veillé à conserver cet équilibre et à raconter des histoires plus «modernes » en puisant dans les éléments que Jacobs avait décrits dans la brève biographie de ses personnages, sans avoir eu le temps de les exploiter, et en offrant par petites touches plus de profondeur aux personnages principaux. Par exemple, dans Le Testament de William S., nous sous-entendons que la jeune fille qui accompagne Mortimer est sa fille. Certains lecteurs nous ont interrogés à ce sujet durant les séances de dédicace. Nous leur répondions : « Peut-être, qu’en pensez-vous ? »

Olrik 

Depuis Les Sarcophages du 6e continent, Olrik nous pose un problème « grandissant ». Dans tous les albums où il est présent, il perd à la fin. Nous faisions le même constat, André et moi : s’il tient dans chaque récit le rôle du méchant et qu’il continue à échouer à chaque fois, il finira par perdre tout crédit et il n’y aura plus aucun suspense. C’est, par exemple, pour cette raison qu’un personnage masqué figure en couverture du Serment des cinq lords, mais qu’il ne s’agit pas d’Olrik… Il faut surprendre les lecteurs. Il est tout aussi indispensable de renouveler le personnage que de raconter des histoires desquelles il est absent.

Avenir 

Je n’ai pas de vision à trop long terme de l’évolution des personnages. Il reste encore quelques détails de leur vie que Jacobs a évoqués dans ses mémoires, Un opéra de papier. Nous nous sommes déjà intéressés au passé de Philip Mortimer, mais pas vraiment à celui de Francis Blake, qui fera l’objet d’un prochain album. 

Plus nous explorons leur vie d’avant, plus nous l’enrichissons afin d’en faire des personnages qui ont eu une existence personnelle, une jeunesse, qui ont peut-être commis des erreurs ou connu des déceptions amoureuses. C’est une manière de les ancrer dans notre XXI^e siècle et de les rendre plus modernes pour les lecteurs contemporains. 

Dans les histoires de Jacobs, Blake et Mortimer, à l’instar des héros de BD un peu lisses des années 1940 et 1950, sauvent la Terre à chaque fois mais ils n’éprouvent pas beaucoup de sentiments : on ne les voit jamais tristes ou joyeux, culpabilisés ou hésitants… Je ne me posais pas ce type de questions quand j’étais gamin, dans les années 1970, mais le lecteur de 2024 a évolué. Il voit le monde bouger autour de lui et il a forcément changé, même si c’est un fan de longue date. 

Il est indispensable que les personnages s’ouvrent un peu plus à nous, tout en conservant leur personnalité et leur flegme traditionnel. André était très conscient de cette nécessité de les rendre plus attachants afin de les inscrire dans le présent des amateurs de la série.

Back to top

En librairie

Retrouvez dès le 31 octobre, Signé Olrik, la nouvelle aventure de Blake et Mortimer en librairie : 

 

 

Bonne lecture

 

 

Back to top