Le Dernier Espadon : le retour de Jean Van Hamme !

Francis Blake, récemment nommé à la tête du MI5, le service de renseignement britannique, confie une mission délicate à son ami Philip Mortimer : modifier le code de mise en route des Espadons stockés dans la base de Makran, au Pakistan, afin de permettre leur transfert jusqu’à Scaw-Fell, en Angleterre. Pendant ce temps, dans l’ombre, le premier acte d’une terrible machination contre l’Empire britannique est en train de se jouer...

Premier scénariste à avoir repris les aventures de Blake et Mortimer, avec L’Affaire Francis Blake, Jean Van Hamme imagine une suite à l’album inaugural de la série, Le Secret de l’Espadon, qu’il avait découvert lors de sa parution dans Le Journal Tintin et que les lecteurs peuvent retrouver dans une édition, en deux volumes, incontournable et rare !

Le scénariste ajoute une pincée d’humour et introduit un personnage féminin savoureux, tout en restant scrupuleusement fidèle à l’esprit de Jacobs.

Au dessin, on retrouve Teun Berserik  et Peter van Dongen.

La meilleure manière d’être le plus proche possible du style de Jacobs, c’est de critiquer son propre travail avec un regard honnête. Et d’oser tout recommencer à zéro, en gardant les albums de Jacobs à portée de main.

Peter van Dongen

Dans cet album, le duo qui avait mis en images le diptyque La Vallée  des Immortels (sur un scénario d'Yves Sente) s’est conformé avec la plus grande rigueur au style graphique de Jacobs dans Le Secret de l’Espadon.

Le monde d’Edgar P. Jacobs met en scène une réalité imaginaire, mais c’est une réalité du passé. Quand je dessine les aventures des deux héros, c’est comme si j’embarquais dans une machine à remonter le temps pour m’envoler vers des univers inconnus.  

Teun Berserik

Le Dernier Espadon est une aventure passionnante, nourrie par un épisode historique authentique, qui atteste de l’imaginaire inépuisable et intemporel de l’œuvre créée par Edgar P. Jacobs.

#Interview du scénariste Jean Van Hamme

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce nouveau scénario de Blake et Mortimer ?

Jean Van Hamme : Dans les albums de la série, le professeur Mortimer est présenté comme l’inventeur de l’Espadon ; pourtant, cette invention n’est jamais montrée, même si elle est évoquée dans Le Bâton de Plutarque.

Je me suis dit qu’il était temps d’en faire quelque chose et de « boucler la boucle », en quelque sorte.

Le Secret de l’Espadon reste votre album favori ?

Jean Van Hamme : C’est vraiment celui qui m’a le plus marqué. Je connaissais déjà Edgar P. Jacobs grâce aux illustrations qu’il avait publiées dans l’hebdomadaire Bravo !, et mon oncle m’avait lu Le Rayon U quand j’avais 4 ans. Lorsque j’ai découvert Le Secret de l’Espadon, à l’âge de 7 ans et demi, j’ai ressenti une grande émotion.

C’était la première fois que je lisais une histoire aussi réaliste, bien plus réaliste que les aventures de Tintin. Les premières pages m’ont terrifié !

Dans Le Dernier Espadon, vous introduisez une pointe d’humour…

Jean Van Hamme : L’humour n’est pas fréquent dans les albums de Jacobs. J’en ai ajouté un soupçon, ce qui m’a permis d’épingler les menus des clubs anglais, qui sont toujours les mêmes. J’en profite aussi pour régler mes comptes avec Mortimer et avec Blake.

Que voulez-vous dire ?

Jean Van Hamme : Dans cette histoire, Blake est devenu un « super-flic », et des gens meurent à cause de lui. Quant à Mortimer, il est le créateur d’une arme terrifiante, et on se demande s’il faut le féliciter pour son invention. Doit-on complimenter l’inventeur de la bombe atomique ?

Vous vous appuyez sur un fait historique, l’opération « Arthur », et vous mettez en scène l’IRA, comme c’était déjà le cas dans la série XIII : le sujet vous passionne ?

Jean Van Hamme : Curieusement, l’Irlande est restée neutre durant la Seconde Guerre mondiale, et l’Allemagne a respecté cette neutralité. Mais des Irlandais se sont engagés dans l’armée britannique, tandis que l’IRA a officiellement déclaré la guerre à l’Angleterre en 1938. Ce contexte historique était parfait pour imaginer une histoire avec l’Espadon, d’autant que le projet d’attentat est lui aussi authentique.

Vous donnez une place plus importante à Nasir…

Jean Van Hamme :  Jacobs a commis une erreur en le transformant en domestique. Il s’en est rendu compte et a abandonné le personnage. Dans cette histoire, j’ai refait de Nasir un militaire, avec le grade de sergent-chef.

Mais il continue à vouvoyer Mortimer, tandis que celui-ci le tutoie : leurs rapports ne sont pas tout à fait égaux…

Jean Van Hamme : C’est vrai, mais la langue anglaise ne fait pas de différence entre le tutoiement et le vouvoiement !  Et, dans Le Secret de l’Espadon, Mortimer le tutoyait déjà. Il ne pouvait donc pas le vouvoyer dans ma version.

Vous avez cherché à coller au plus près à l’esprit de Jacobs ?

Jean Van Hamme : Comme je l’ai souvent dit, je m’efforce d’être tout à fait « jacobsien ». Je me considère comme un comédien qui jouerait à être Edgar P. Jacobs, j’ajoute simplement  un brin d’humour. Et j’ai demandé aux dessinateurs  de s’inspirer des décors et de l’atmosphère du Secret de l’Espadon.

Marge est un beau personnage de femme…

Jean Van Hamme : J’aurais aimé l’inventer plus tôt, car je la trouve très drôle ! Mais j’ai eu de longues discussions avec l’éditeur, Yves Schlirf. Il ne voulait surtout pas qu’on la montre dans un lit avec un homme. Nous avons fini par transiger : elle est au lit, mais avec la couverture tirée jusqu’au menton. L’image est très sage, mais elle était indispensable afin de montrer que Marge remplit sa mission… pour l’Angleterre, bien sûr !

S’agit-il de votre dernier scénario pour Blake et Mortimer ?

Jean Van Hamme : J’ai toujours dit que je me limiterais à trois histoires,  et j’en ai finalement écrit quatre… Cette fois, je crois  que je n’y toucherai plus !

Merci à Jean Van Hamme d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.

Rendez vous en librairie pour découvrir la suite du Secret de l'Espadon !

Bonne lecture !