Sa Majesté des mouches, un chef d'œuvre adapté en BD

Dans une interview exclusive, Aimée de Jongh explique son travail d'adaptation du texte culte de William Golding, prix Nobel de littérature 1983.

Par l'équipe Dargaud

Sa Majesté des Mouches

Table des matières

À l’occasion des 70 ans de l’œuvre originale de William Golding, Aimée de Jongh a été choisie par les ayants-droit pour mettre en image Sa majesté des mouches.

Retour sur ce texte puissant et aux sujets toujours d'actualités et sur le travail de l'autrice avec une interview exclusive. 


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Une histoire universelle

Un jour, un avion s’écrase sur une île déserte. Les seuls survivants sont de jeunes garçons issus de la bonne société anglaise. En l’absence d’adultes, ils goûtent aux plaisirs de la liberté dans ce cadre enchanteur qui leur donne l’impression de vacances perpétuelles. 

Extrait de Sa Majesté des mouches par Aimée de Jongh

Afin de s’organiser, ils confient à l’un d’eux, Ralph, le rôle du chef. Mais un autre garçon, Jack, défie son autorité et prend la tête d’un groupe,  la tribu des chasseurs, qui valorise la force physique.  

Tandis que leurs nuits sont peuplées de cauchemars provoqués par la présence hypothétique d’une créature monstrueuse,  leurs journées sont bientôt rythmées par les conflits. 

La violence et la brutalité prennent le pas sur l’utopie des premiers jours. Chacun doit choisir son camp…

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Sa Majesté des mouches, première adaptation BD

Sa Majesté des mouches de William Golding (Folio, Gallimard)

Publié en 1954 par William Golding, lauréat du prix Nobel  de littérature en 1983, le roman Sa Majesté des mouches (en version originale, Lord of the Flies) fait l’objet pour la première fois d’une version en bande dessinée. 

Lectrice passionnée de ce livre depuis son adolescence, Aimée de Jongh, l’autrice à succès de Jours de sable, signe une adaptation magistrale, magnifiée par son imagination graphique comme par son sens de la mise en scène, tout en se montrant fidèle au texte de Golding. 

Une belle adaptation du célèbre roman qui imagine comment survivent des enfants échoués sur une île. 

Le Figaro littéraire

Plusieurs décennies après sa parution, le roman n’a rien perdu de sa puissance, de sa vocation universelle ni de sa lucidité, comme en attestent les nombreux conflits qui constituent le quotidien de notre planète et fragilisent la civilisation, dans une époque marquée par le retour en force de la sauvagerie. 

Nous ne sommes pas si différents des enfants du roman de William Golding, 

Aimée de Jongh

Édité en partenariat avec France Inter, Sa Majesté des mouches s’annonce comme un véritable événement et fait l’objet d’une parution simultanée dans une quinzaine de pays à l’occasion des 70 ans de sa publication.

Remarquable. Aimée de Jongh a un trait, une ligne claire brossé, et des couleurs éclatantes. 

France Inter - Le Masque et la plume

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Pourquoi une adaptation ?

Aimée de Jongh explique comment elle a découvert le texte de Golding et pourquoi elle voulait l'adapter en bande dessinée en répondant à nos questions.

Extrait de Sa Majesté des mouches par Aimée de Jongh

À quel moment de votre vie avez-vous découvert Sa Majesté des mouches ?

Aimée De Jongh : Au lycée, quand j’avais 15 ans. Le professeur nous avait demandé de lire deux romans anglais et de les commenter. Je l’avais choisi avec La Ferme des animaux, de George Orwell.

Qu’est-ce qui vous avait plu dans ce livre ?

Aimée De Jongh : Même si je passais mes journées dans un environnement scolaire, j’avais envie de prendre mon indépendance.

Le roman traitait justement du passage de l’enfance à l’âge adulte, et je pense qu’il m’a marquée pour cette raison.

Extrait de Sa Majesté des mouches par Aimée de Jongh

Comment avez-vous été amenée à l’adapter ?

Il y a onze ans, j’avais pris contact avec Faber & Faber, l’éditeur originel. Il m’avait répondu qu’une adaptation était impossible, pour des raisons de droits. Avec le recul,  ma proposition arrivait trop tôt. J’avais 24 ans, je n’avais rien publié et il me restait encore beaucoup à apprendre… 

Il y a trois ans, ce même éditeur est revenu vers moi pour me dire qu’une adaptation était désormais envisageable. 

Ensuite, tout est allé très vite. J’ai rédigé un pitch, puis dessiné plusieurs pages en couleur, et les héritiers de William Golding ont donné leur accord. J’étais sur un petit nuage !

Avez-vous modifié certaines scènes ?

Je tenais à rester fidèle au roman, mais certains passages n’auraient pas fonctionné en bande dessinée.

Extrait de Sa Majesté des mouches par Aimée de Jongh

  J’ai supprimé les conversations qui comportaient trop de texte et qui n’étaient pas assez fortes sur le plan visuel. En revanche, les personnages sont conformes à ceux du roman. Chacun d’eux incarne une idée – l’anarchie, l’intellect, la civilisation… – et je souhaitais conserver ces symboles.

Avez-vous pris une liberté par rapport à l’écriture de l’auteur ?

Les textes sont très proches de leur version originale.  

Je voulais que la voix de l’auteur reste vivante, et j’ai traité avec beaucoup de respect les très belles phrases de  William Golding. Elles sont destinées à créer une atmosphère. 

Dans une bande dessinée, c’est le dessin qui permet d’installer cette ambiance. Ses descriptions comptent parmi les plus belles de la littérature moderne. J’en ai laissé de côté certaines, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’en intégrer d’autres que je trouve tout simplement magnifiques.

Vous accordez beaucoup de place au silence…

Le silence est important dans une bande dessinée. Il donne au lecteur le temps de réfléchir et il offre la possibilité de traduire les émotions des personnages.

Qu’est-ce qu’une bande dessinée peut apporter à un roman ?

Elle permet de mettre en scène des métaphores visuelles et d’intégrer une part de symbolisme à une histoire.  Mais il est inutile de décrire la couleur du ciel, il suffit au lecteur de regarder les images…

Votre point de vue sur le livre a-t-il évolué avec les années ?

Quand j’étais adolescente, je pensais que Sa Majesté des mouches parlait d’enfants qui deviennent adultes. Aujourd’hui, j’en ai une vision différente. 

Extrait de Sa Majesté des mouches par Aimée de Jongh

Le thème « eux contre nous » est très important dans le roman. William Golding a écrit ce texte en 1954, alors qu’il avait en tête les séquelles de la Seconde Guerre mondiale.  Le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie prennent appui sur la peur irrationnelle de l’autre, et cette peur est encore présente dans la société d’aujourd’hui.

Sa Majesté des mouches a-t-il toujours la même force ?

Extrait de Sa Majesté des mouches par Aimée de Jongh

Lorsque je le relis, j’y trouve de nombreux points communs avec notre actualité. En l’absence de règles, les humains expriment ce qu’il y a de pire en eux. Il suffit d’aller sur Internet, où les gens se réfugient dans l’anonymat  pour menacer les autres, pour s’en rendre compte.  

Dans certains conflits, les crimes de guerre restent impunis. Nous ne sommes pas si différents des enfants du roman de William Golding. Malheureusement, ce livre reste aussi nécessaire qu’il l’était lors de sa parution, en 1954.

Diriez-vous qu’il s’agit d’un roman pessimiste ?

Oui, car sa conclusion est sans appel : l’humanisme, l’empathie et la civilisation ne sont pas dans notre nature profonde. Si l’on regarde le monde actuel, on ne peut pas lui donner tort…

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En librairie

Nous vous offrons les premières planches de cette puissante adaptation, et pour découvrir la suite rendez-vous en librairie.

  Bonne lecture

 

 

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