Lucky Luke : rien ne va plus au Far West !
Notre cow-boy épris de justice va devoir régler un conflit bien inhabituel : une grève des ouvriers des brasseries !
Table des matières
Cow-boys déprimés, saloons à l’atmosphère lugubre… Une gigantesque « grève de la bière » paralyse les brasseries du pays et assèche tous les saloons !
Entre les syndicalistes marxistes, les barons industriels, et le grand retour des Dalton, un album au paysage urbain, drôle et qui résonne avec l’actualité.
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Un cow-boy sous pression
Les habitants du village allemand de New-München supplient Lucky Luke de les aider à mettre fin au mouvement qui menace le mode de vie du Far West tout entier. Le cow-boy solitaire se rend alors à Milwaukee : l’arrivée dans cette « capitale de la bière », ville industrielle largement germanique, est un choc : la rencontre avec son vieil ami indien Aigle-à-deux-têtes devenu ouvrier et marié à une Allemande va lui permettre d’approcher l’univers sauvage de la brasserie.
Entre le « beer baron » Frederick Martz, patron tout-puissant, et les syndicalistes adeptes de Karl Marx, notre justicier désorienté va devoir redoubler d’adresse… d’autant que les Dalton viennent compliquer la donne !
Duels au pistolet dans les usines, courses poursuites dans les bas-fonds de la ville, parties où se joue le sort des brasseries au poker : l’homme qui tire plus vite que son ombre projeté dans les « temps modernes » réussira-t-il à réconcilier ouvriers et patrons et sauver enfin la culture du Far West ?
Back to topTrump, Marx et Lucky Luke
Révolution dans la saga Lucky Luke, cet album confronte pour la première fois Lucky Luke à la modernité industrielle de l’Amérique ! Syndicats, patrons, ouvriers qui travaillent à la chaîne : et si la grande ville était plus sauvage que l’Ouest sauvage ?
Comme toujours enracinée dans les faits historiques, cette aventure met en scène l’univers des inventeurs du hamburger et du hot-dog, du ketchup ou de l’arbre de Noël, une communauté à l’origine des plus grands symboles de l’Amérique, et dont la langue manqua de peu d’être la langue officielle des États-Unis : les Allemands !
Majoritaire dans tout le nord du Far West, cette incroyable communauté où l’on retrouve aussi bien le grand-père de Donald Trump que les premiers communistes du continent est une source de gags inépuisables. Vous aussi enfilez votre culotte de peau et entrez dans la danse de ce « cow-boy sous pression », une aventure tambour battant aussi désopilante qu’instructive !
Back to topInterview de Jul
Ex-dessinateur de presse, il sort un premier album en 2005. Sa série culte Silex and the City est adaptée sur Arte, puis en long-métrage au cinéma. Avec Charles Pépin, il signe La Planète des sages et Cinquante Nuances de Grecs. Prix Goscinny en 2007, Jul a repris depuis dix ans les scénarios de Lucky Luke.
Mettre en scène Lucky Luke dans une usine, c’est presque une révolution ?
Jul : Je trouvais amusant de l’envoyer à l’usine alors qu’il incarne les grands espaces, la liberté et l’individualisme. Pour lui, c’est un véritable choc, mais cette situation n’a rien d’anachronique. L’histoire se situe au moment historique où les États-Unis basculent dans la modernité, représentée par le monde industriel. Lucky Luke semble incarner une résistance à cet univers.
Les cow-boys ont-ils disparu aux États-Unis ?
Jul : Pas du tout, ils font encore partie du paysage du Midwest américain, même s’il n’y a plus de grandes transhumances de bétail. Ils pratiquent toujours le rodéo, ils fréquentent les saloons et ils ont la passion des armes, comme dans les aventures de Lucky Luke.
On découvre que la population germanophone a joué un rôle important dans la construction du pays…
Jul : Comme dans les précédents albums, j’ai voulu faire entendre la voix d’une communauté qui a contribué à forger les États-Unis, au même titre que les Noirs et les Juifs. Les immigrés d’origine germanique se sont installés en plusieurs vagues à partir du XVIIIe siècle, et l’allemand a d’ailleurs failli devenir la langue officielle du pays ! Dans des États comme le Dakota, le Wyoming ou le Wisconsin, la majorité de la population est d’ascendance allemande.
Quelle a été leur influence ?
Jul : Ils ont introduit les symboles les plus universels de l’american way of life comme le hamburger, le ketchup ou le hot-dog. On leur doit aussi l’idée du Kindergarten, qui a inspiré notre école maternelle, et l’arbre de Noël.
Lucky Luke a beau être un héros, il a des problèmes de dos, comme tout un chacun…
Jul : Ça n’a rien d’étonnant, car il porte toute la justice du monde sur ses épaules ! Je l’avais fait grossir dans La Terre promise, il vomit dans Un cow-boy à Paris, les Dalton vont aux toilettes dans Un cow-boy dans le coton… Donner des émotions au héros et rappeler qu’il possède un corps, c’est une manière de l’humaniser tout en conservant les codes de la série. C’est ce qu’avait fait le western spaghetti, mais la bande dessinée de western ne s’était pas trop aventurée sur ce terrain.
Back to topInterview d'Achdé
À 9 ans, il achète son premier Lucky Luke : une vocation est née ! Après des études de radiologie et de radiothérapie, il signe avec Dargaud et enchaîne alors les séries (C.R.S = Détresse, Les Damnés de la route...), puis Les Aventures de Rantanplan. Depuis 2001, il dessine les aventures du cow-boy solitaire et les albums de Kid Lucky, qu’il scénarise.
Dans cet album, Lucky Luke est confronté à un véritable choc des cultures…
Achdé : Il découvre un univers industriel qui n’est pas le sien, ainsi qu’une autre facette de son pays, les États-Unis. En ce qui me concerne, je n’aime pas la ville, et dessiner un environnement urbain n’a pas été une partie de plaisir ! Mais ce genre de défi graphique m’a obligé à me surpasser, ce qui n’est pas une mauvaise chose.
Votre description des États-Unis ne correspond pas à la vision traditionnelle…
Achdé : À cause du cinéma hollywoodien, on a longtemps cru que la population de ce pays était homogène et que tout le monde parlait un anglais parfait. En réalité, à la fin du XIXe siècle, certaines villes étaient françaises, d’autres étaient allemandes, danoises ou russes. Aujourd’hui, les populations d’origine étrangère se sont fondues dans la masse.
Dieu merci, les immigrants hispaniques récents continuent de parler espagnol, et on assiste à un renouveau du français grâce aux immigrants africains ou haïtiens. Le bilinguisme est toujours un atout.
Jul vous a envoyé un scénario découpé case par case en ajoutant parfois des « crobards » aux dialogues. Quelle a été votre marge de liberté ?
Achdé : Le dessinateur ne doit pas être un simple exécutant, il est là pour magnifier le travail du scénariste ; alors je pars du principe que c’est à moi de m’occuper de la mise en scène sans nuire à l’idée de base. Donc, je n’ai pas toujours suivi à la lettre son découpage et je l’ai recomposé quand je l’estimais nécessaire.
Au cinéma, le scénariste ne dit pas au réalisateur comment il doit tenir sa caméra… Ici, et d’un commun accord, nos tâches sont bien balisées. J’envisage toujours mes scènes en amont, je crée les décors, je choisis mes acteurs et je pose ma caméra suivant l’action proposée dans le scénario. Enfin, quand je dis « caméra », il s’agit plutôt de mon crayon et de mes pinceaux ! Attractivité et lisibilité, tout est là.
Votre travail de dessinateur a-t-il évolué depuis les albums précédents ?
Sur cette histoire, je me suis parfois éloigné du sacro-saint « gaufrier » pour traiter certaines cases de manière plus moderne, souvent par souci d’efficacité, à l’image de celle qui montre Joe Dalton tombant dans une cuve de bière. Les lecteurs d’aujourd’hui sont habitués à de nouvelles formes de mise en page, et il faut savoir faire évoluer la série.
Travailler à distance du scénariste peut être un avantage, car cela m’oblige à me débrouiller tout seul quand je suis confronté à une difficulté. Mais je ne suis jamais satisfait du résultat : j’ai refait quinze fois la scène qui se déroule à l’opéra ! J’ai enfin trouvé la solution en regardant une illustration datant du début du XXe siècle…
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Bonne lecture !
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