Le final d'Avant la Quête : l'ultime mission du chevalier Bragon.
Après une folle aventure de 24 ans, voici le dernier tome du cycle Avant la Quête, préquel de la série intemporelle et iconique, créée par Le Tendre et Loisel, et qui a renouvelé l’heroïc fantasy en bande dessinée !
Table des matières
Un final inoubliable qui donne des clés pour relire ou découvrir la série mythique : La Quête de l'Oiseau du temps !
Back to topUn dénouement grandiose
Les fans de la série vont être servis ! En maîtres experts de la narration et en démiurges avisés de l’univers qu’ils ont créé ensemble il y a plus de quarante ans, Serge Le Tendre et Régis Loisel réussissent avec L’Omégon un véritable tour de force : imaginer une conclusion qui rattache exactement les deux cycles, tout en surprenant le lecteur avec un récit ample qui apporte à la série une profondeur et une charge émotionnelle jamais atteintes jusque-là. Car si le danger rôde toujours, c’est d’abord à leurs quêtes intérieures que sont confrontés les personnages au long de leur errance dans les immenses terres de la Désolation.
Amour, fidélité, morale… Grâce à des dialogues ciselés et à un dessin aussi précis et élégant que puissamment organique de Vincent Mallié, on approche au plus près des questionnements et de la vérité intime de Bragon, de Mara et des autres, entraînés dans une danse vertigineuse autour des gouffres de la folie et de la mort.
Back to topRetour sur le cycle Avant la Quête
Le tome 8 est le trait d’union parfait entre les deux cycles qui peuvent être lus indépendamment mais forment aussi un ensemble extrêmement cohérent.
Bragon
Le jeune garçon de ferme des premiers tomes est maintenant un chevalier accompli. Mais pourquoi est-il devenu le vieux misanthrope bougon et retiré du monde que l’on découvre au début de La Quête de l’oiseau du temps ?
L’Omégon est le tome clé pour comprendre comment le destin du héros bascule.
Mara
La princesse sorcière seule sait comment vaincre l’Ordre du Signe… et le prix qu’il faudra payer pour cela.
Mais de même qu’elle cache à Bragon qu’elle est enceinte, elle ne révèle pas tout ce qu’elle a découvert dans le grimoire des dieux. Pourquoi tant de secrets ? Qui est vraiment Mara ?
Bulrog
On l’a connu tout jeune admirateur de Bragon.
Il est devenu son élève puis, au fil de leurs aventures, son ami.
Dans chaque tome, Bulrog s’épaissit, physiquement et psychologiquement. Dans celui-ci, on le découvre amoureux, jaloux, sensible… et donc fragile.
Bodias
D’un tempérament pacifique et séducteur, il a le don d’agacer ses compagnons de voyage.
Mais comme son père lui a transmis en mourant ses pouvoirs de prince sorcier de la Marche des Mille Verts, lui seul peut donc à présent aider sa cousine Mara à accomplir le rituel magique au cœur de l’Omégon.
Fol de Dol
« Foin de morale ! Tout est dit, le ver est déjà dans le fruit ! Prenez-en de la graine ! Doudi doudi ! » Il jaillit de son fleuve comme un diable de sa boîte, égrenant en riant ses maximes en rimes.
Mais il semble mener tout le monde – lecteurs et personnages – par le bout du nez… Qui est vraiment Fol de Dol ?
Kryll
Envoyée auprès de Bragon pour le tuer, Kryll est devenue son alliée.
Redoutable chasseuse, insensible aux avances de Bulrog, la belle Méridine est obsédée par une idée fixe : se venger de l’Ordre du Signe. Et parce qu’elle fait confiance à ses compagnons,
elle va leur révéler pourquoi.
Le Monde d'Akbar raconté par Loisel et Le Tendre
Avec ce huitième tome d’Avant la Quête, vous deviez conclure un cycle et faire le lien avec la série mère. Comment avez-vous relevé ce double défi ?
Serge Le Tendre : Quand on a fini La Quête de l’oiseau du temps, on s’était laissé quelques portes de sortie… Il restait
de nombreux points d’interrogation sur chacun des personnages, en particulier sur les liens de Bragon et de Mara, mais aussi sur Bulrog, le Rige et les autres. On a laissé passer quelques années, en développant chacun de notre côté des projets très différents.
Et puis un jour, on s’est retrouvés, Régis et moi. On a ouvert une bonne bouteille et on a prononcé cette phrase magique : « Et Pélisse se lève… » Avant la Quête pouvait commencer.
Régis Loisel : L’idée, c’était d’aller au-delà de l’aventure, en creusant le destin de chacun des personnages principaux.
On a construit toute cette histoire progressivement, de manière empirique. Et puis à un moment, quand on a plein d’idées, on court le risque de se perdre en route et de ne plus réussir à refermer les portes ouvertes. Alors sagement, on a décidé de clore ce cycle.
Et il a fallu imaginer, comme pour la série mère, une fin qui soit à la fois cohérente et surprenante.
Ce huitième tome nous amène au plus près des personnages et de leurs réflexions, avec une tonalité mélancolique, un rythme presque contemplatif.
Serge Le Tendre : La Quête, c’est épique : il y a des ennemis, des exploits…On fonce dans le tas ! Tout en conservant cette dimension, on voulait que cet épisode soit différent et marquant. Donc on a mis en scène une longue errance qui amène chacun des personnages à s’interroger et à se dévoiler. Il n’y a pas de monstre à affronter, mais des démons intérieurs, des questionnements intimes. L’idée, c’était de créer un contraste, pour que la fin de l’histoire ne soit pas une péripétie de plus mais qu’elle résonne, après une si longue attente, comme un coup de tonnerre !
Régie Loisel : La vraie force d’une histoire, ce sont les personnages. Les scènes d’action, les histoires, c’est bien. On peut passer un très bon moment à les lire. Mais ce qui fait qu’on revient à un album de bande dessinée – comme à un roman ou à un film, d’ailleurs –, ce qui fait qu’on ne l’oublie pas, ce sont les personnages. C’est ce que nous a rappelé Vincent Mallié, qui a dessiné ce tome. Quand on lui a montré la première version du scénario, il a su nous dire, très subtilement, qu’il attendait quelque chose de plus grandiose, de plus profond, comme l’avait été la fin de la série mère. Ça nous a convaincus de nous remettre au boulot ! Et il avait raison. Aujourd’hui, on est très fiers de cette fin.
Puisque vous évoquez Vincent Mallié, pouvez-vous nous dire comment vous travaillez à trois ? Comment se répartissent les tâches ?
Régis Loisel : Serge et moi écrivons le scénario et les dialogues, avec une mécanique de ping-pong bien rodée entre nous, où chacun rebondit sur les idées de l’autre et les affine. Ensuite, Vincent se charge du dessin mais, comme je viens de vous le dire, ses remarques et ses suggestions sont toujours bienvenues, d’autant plus qu’avant d’avoir un regard de dessinateur, il a un regard de fan, avec beaucoup d’attentes, et c’est donc un premier lecteur très attentif. C’est vraiment un album que nous signons à trois.
Serge Le Tendre : Quand j’écris d’autres séries en collaborant avec d’autres dessinateurs, je travaille beaucoup le story-board. Mais là, c’est différent. D’abord parce que Vincent est un excellent narrateur, très doué dans la mise en scène, et puis parce que c’est surtout Régis qui supervise les dessins. Je suis moins immergé dans la collaboration sur les planches et sur le gros travail de retouches, même si je peux bien sûr donner mon avis. Pour moi, c’est merveilleux de voir prendre vie par le dessin les personnages qu’on a créés et les scènes qu’on a écrites.
Régis Loisel : C’est vraiment Vincent le metteur en scène. C’est lui qui choisit ses cadrages, qui insuffle le rythme au récit. Et je partage évidemment l’avis de Serge : il est très fort pour cela. Moi, j’interviens comme un gardien du temple, en faisant surtout attention aux personnages, pour que l’ensemble de la série soit très cohérent.
Je pointe ici ou là un visage pas assez clair, une attitude corporelle qui ne convient pas… Et j’aide un peu Vincent pour les retouches, car c’est un travail long et fastidieux.
La Quête de l’oiseau du temps a ouvert la porte de l’heroic fantasy dans la bande dessinée franco-belge. Comment voyez-vous cela rétrospectivement ?
Serge Le Tendre : Quand on a commencé il y a presque cinquante ans, on ne savait pas très bien où on allait. On a créé sans vraiment s’en rendre compte une série culte de l’heroic fantasy. Mais ce qui est drôle, c’est que même si on en a lu un peu, Régis et moi – Conan le Barbare et d’autres classiques –, on n’est pas du tout des spécialistes du genre.
Régie Loisel : Je peux même dire pour ma part que je n’ai jamais beaucoup aimé ça, mis à part quelques grands livres comme Le Cycle de Tschaï, de Jack Vance, qui est à la frontière de la science-fiction. Ce qui m’a surtout plu quand on s’est lancés, c’est qu’en tant que dessinateur, je n’avais pas besoin de documentation. Je pouvais développer un univers qui se définissait au fur et à mesure sans avoir besoin de vérifier quoi que ce soit. J’ai dessiné comme ça, en laissant mon crayon glisser sur la feuille pour faire apparaître des racines, des feuilles, des animaux et des temples dont je me fiche un peu
de savoir comment ils tiennent debout. Ce qui compte, c’est d’ouvrir l’imaginaire, de susciter des émotions, des impressions. Au fond, je suis un impressionniste (rires) !
Serge Le Tendre : Ce qui nous importe, c’est de pouvoir aborder au travers d’un genre, en l’occurrence l’heroic fantasy, les grandes questions morales ou philosophiques. Ici, c’est celle de savoir si la fin justifie les moyens, ou, comme le dit le personnage de Fol de Dol : « Peut-on tuer dix personnes pour en sauver cent ? Ou mille pour en sauver dix mille ? »
Il n’y a sans doute pas de bonne réponse. Le tout est de pouvoir réfléchir en connaissance de cause, ce qui n’est pas le cas de Bragon, encore une fois baladé par Mara. Évidemment, ce genre de question n’est pas nouveau. On le trouve dans les tragédies grecques ou, pour parler de bande dessinée, dans Watchmen, par exemple.
Il y a La Quête, Avant la Quête… Aura-t-on un jour un Après la Quête ?
Serge le Tendre : Oui, car il reste quelques mystères à élucider, sur Pélisse et le Fourreux notamment. Et puis, nous voulons aller jusqu’à la mort de Bragon, notre personnage principal. Mais il faut qu’elle ait un sens, et que les autres personnages soient là aussi… Ce qui est sûr, c’est que ce sera un vrai point final à cinquante ans de travail commun…
Régis Loisel : … même si on a développé plein d’autres projets chacun de son côté et que l’on continue ! On ne passe pas notre vie ensemble mais on se retrouve de temps en temps, pour tricoter cette ultime aventure. Alors on ouvre une bonne bouteille… Et Pélisse se lève !
Une vraie chance de travailler sur cette série culte !
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Entretien avec Vincent Mallié
Vous aviez dessiné les tomes 3 et 4 de la série, et vous voilà de retour pour sa conclusion. Racontez-nous l’histoire de votre collaboration avec Serge Le Tendre et Régis Loisel.
Vincent Mallié : Quand Régis, avec qui je travaillais sur Le Grand Mort, m’a demandé un jour de les rejoindre, Serge et lui, pour dessiner Avant la Quête, j’ai été extrêmement enthousiaste. J’avais découvert cette série quand j’étais ado, et c’est peu dire qu’elle m’avait énormément marqué. Mais c’était clair entre nous que je ne ferais pas tous les tomes, seulement les deux dans lesquels il y avait le personnage du Rige, car je voulais aussi développer d’autres projets. Et puis quelques années après, quand l’occasion de travailler sur ce dernier volume est arrivée, j’ai replongé, avec un immense plaisir. C’est quand même un beau cadeau que me font Serge et Régis de pouvoir travailler avec eux sur cette série culte !
Comment travaillez-vous ensemble ?
Vincent Mallié : Très bien (rires) ! Régis et Serge me donnent des pages de scénario, qui détaillent des intentions ou indiquent des pistes graphiques, mais ils savent que j’aime faire les story-boards et les cadrages moi-même. Alors je fais ça de mon côté, et quand j’ai fini une scène, on regarde ensemble les planches et on discute des corrections à apporter… Je sais qu’ils me font confiance pour respecter la tonalité générale mise en place au début de la série.
Sauriez-vous définir cette tonalité ?
On pourrait dire que c’est celle d’un imaginaire assez réaliste, du spectaculaire pas trop poussé. Prenons le cas des animaux, assez présents dans La Quête, à commencer par les oiseaux.
Tous sont inventés, mais assez vraisemblables. Ils ont une cohérence anatomique, volent ou tiennent debout en respectant les lois qui sont celles de notre monde (la gravité, par exemple). Pas de chien ni de chat, mais pas non plus de dragon… De même, en matière d’architecture, on a des temples et des sanctuaires qui ne font pas dix kilomètres de long mais ressemblent à des choses que l’on voit dans notre monde.
Il y a aussi cette plaine de hautes herbes, assez classique même si elle semble presque infinie…
Vincent Mallié : Oui, comme une métaphore des questionnements dans lesquels se perdent les personnages. Bien sûr, il y a dans ce tome de belles scènes d’action épique, mais pour moi qui aime dessiner les balades, les éléments et les grands espaces, c’était super que le récit parte dans cette direction plus contemplative. Et surtout, ça donne une vraie profondeur à l’histoire. La fin de La Quête de l’oiseau du temps était quand même un sommet de dramaturgie et d’émotion. Je trouve que Serge et Régis ont réussi à faire pour cette fin d’Avant la Quête quelque chose d’aussi beau, touchant et surprenant à la fois.
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Bonne lecture
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