Circé, la magicienne
Une relecture féministe et engagée du célèbre mythe fondateur d’Homère.
Au large d’une île baignée de soleil, trois navires attendent. L’homme qui les guide se nomme Ulysse. Lui et ses compagnons se sont illustrés dans la guerre contre Troie. Ils ont tué, violé et pillé cependant, ils sont auréolés de gloire.
Ils hésitent à accoster : cette île est le domaine de Circé, la magicienne, « experte en philtres et charmes de transformation ». Après avoir débarqué, ils sont accueillis par Circé, qui leur promet « le réconfort et la paix ».
Le lendemain matin, au réveil, Ulysse découvre que ses compagnons ont été victimes d’un sort. Ils sont transformés en porcs doués de parole, et ils supplient leur chef de les délivrer de cette inhumaine condition. La magicienne a ainsi voulu les libérer de leur orgueil et de leur soif de conquête...
Richard Marazano et Gabriel Delmas s’emparent du mythe de Circé, présenté par Homère dans le chant X de L’Odyssée, pour le mettre en scène du point de vue de la magicienne, aux antipodes de l’image de la « femme fatale » et d’une interprétation « masculiniste ». Ils proposent une critique de la violence et de la domination masculine, illustrée par le comportement conquérant d’Ulysse et de ses marins, habituellement présentés comme des héros face à la perfide Circé.
Tous deux, bien plus fascinés par le personnage de Circé que par Ulysse, en proposent une vision moderne. Celle-ci entre en résonance avec le mouvement #MeToo et présente une Circé déterminée à se libérer de sa condition, de la domination masculine et de la violence qu’elle engendre.
Récit épique autant que politique, leur Circé propose ainsi de faire un pas de côté et de remettre en question les clichés qui ont trop souvent inspiré les adaptations de ce récit mythologique. Le texte original de Richard Marazano est relayé par le graphisme puissant et singulier de Gabriel Delmas, mélange de dessin, d’effets de matières et de trames, qui instaurent une atmosphère à la fois réaliste et onirique dans cette relecture originale d’un mythe fondateur.
Circé, la magicienne, dont voici les premières pages, est à retrouver en librairie.