Aristophania : un final explosif pour la saga de french fantasy
Après trois ans, quatre tomes et deux cent cinquante planches passés en compagnie de Calixte, Victor, Basile, Gédéon et Aristophania, Joël Parnotte et Xavier Dorison disent au revoir à leurs personnages et mettent un point final à cette saga de fantasy à la française, féminine et foisonnante.
Aristophania, Calixte et Victor n’ont plus d’autre choix : il leur faut trouver la source Aurore et échapper aux laquais du Roi banni. Ce dernier touche aussi au but : il a embrigadé Basile, l’aîné des trois orphelins, il tient sa revanche sur Aristophania et la cour d’Azur, et l’insurrection qu’il a programmée va mettre Marseille, la France, puis le monde à feu et à sang. Des cavernes des gorges du Verdon aux ruelles du Panier, tout est en place pour un dénouement explosif. Pour le meilleur… pour le pire ?
En Provence, au début du XXe siècle. Basile, Victor et Calixte, trois jeunes orphelins, sont recueillis par une comtesse aussi vénérable qu’intrigante : Aristophania. Cette dernière fait partie d’une société secrète, la cour d’Azur, dont les membres sont doués de fabuleux pouvoirs… et d’une grande longévité.
Contre l’avis de ses pairs, Aristophania va former les trois enfants à la magie, car elle en a la certitude : eux seuls peuvent trouver la légendaire source Aurore et vaincre l’ennemi juré d’Azur, le Roi banni Gédéon. Des bas-fonds de Paris à ceux de Marseille, de la Commune à l’aube de la Grande Guerre, Xavier Dorison et Joël Parnotte reprennent tous les ingrédients de la fantasy pour concocter un conte de fées moderne, un récit initiatique aux multiples niveaux de lecture.
Entretien avec Xavier Dorison
Avec ce quatrième tome, vous le confirmez : Aristophania, c’est vraiment fini ?
Xavier Dorison : Oui… pour le moment : d’ailleurs, je suis déjà en train d’écrire le scénario d’une nouvelle aventure, avec Joël Parnotte, dans un tout autre univers. Comme toujours lorsque je clos une série, je suis partagé. Après un marathon de plus de deux cents planches, je suis content de passer à autre chose, mais j’ai aussi un vrai pincement au cœur d’abandonner ces personnages qui font presque partie de la famille. Cela dit, il y aurait encore beaucoup à raconter dans l’univers d’Aristophania : la porte n’est donc pas complètement refermée…
Pour ceux qui n’auraient pas encore eu la chance de s’y plonger, comment présenteriez-vous cette série ?
Avec Aristophania, Joël et moi avons voulu créer une saga de french fantasy. On l’a souvent présentée comme une sorte de Harry Potter en Provence : c’est pratique, mais d’une part je connais assez mal Harry Potter, et d’autre part on a justement cherché à se démarquer de la fantasy à l’anglo-saxonne !
Dans Aristophania, je crois qu’on est beaucoup moins manichéens. Il n’y a pas de Bien absolu (nos héros ne sont pas parfaits) ni de Mal à exterminer. Il y a des salauds, évidemment, mais Gédéon (le Roi banni, le grand ennemi de nos héros) n’en est pas complètement un, on le découvre petit à petit. L’enjeu, c’était donc de respecter les règles du jeu de la fantasy tout en renouvelant le genre. On a ainsi toute une série de codes (la société occulte qu’est la cour d’Azur, la formation des apprentis, la figure de l’Élu[e]…) et, en même temps, des éléments inhabituels : nos mages sont aussi ceux qui subissent la persécution, leur pouvoir ne les rend ni invincibles ni omniscients…
On a cherché à créer une saga de french fantasy : moins manichéenne… et plus ensoleillée que la fantasy anglo-saxonne !
Parmi les codes respectés, il y a aussi beaucoup d’action, de rythme, d’humour…
Ah, mais j’assume complètement l’idée que mes histoires relèvent du divertissement ! Jean Van Hamme, mon premier maître, aime à dire que « notre premier job, c’est de ne pas emmerder le lecteur », et je suis entièrement d’accord. Mais j’attache beaucoup d’importance à ne pas « seulement » divertir : une fiction peut nous amener à réfléchir, à nous améliorer par l’exemple, à nous mettre en garde…
Aristophania, c’est aussi, en sous-titre, un avertissement sur les dangers du dogmatisme : la reine d’Azur, par exemple, échoue parce qu’elle place ses principes au-dessus de tout, et Aristophania n’échoue pas parce qu’elle est humaine, qu’elle est capable de se remettre en question et d’évoluer.
La Provence et ses paysages, omniprésents dans Aristophania, ne sont pas un décor très fréquent en BD… D’où est venue l’envie d’y situer votre récit ?
J’étais en vacances en Corse, je voyais ma fille de cinq ou six ans se raconter des histoires avec ses cousins dans une crique, avec le soleil qui jouait sur l’eau, et je me suis dit que tout ça, c’était magique. Quand on a commencé à réfléchir à notre nouveau projet, ça m’est revenu à l’esprit, et j’ai dit à Joël : « Ça te tente qu’on se raconte une histoire comme quand on était enfants ? » C’est comme ça que ça a démarré.
On pense beaucoup à Zola en lisant certains passages : quelles ont été vos autres sources d’inspiration ?
Pagnol, bien sûr : on est chez lui, et à son époque ! Mais je me suis aussi beaucoup référé au Peter Pan de Loisel, en particulier le tome 1 qui est un de mes albums préférés. À Miyazaki aussi, pour ce rapport d’émerveillement face à la nature. Aristophania est un récit d’initiation. J’aime apprendre, j’adore qu’on m’enseigne et j’essaie souvent de retranscrire ça dans mes scénarios.
Les héros de l’histoire sont trois enfants. Est-ce qu’Aristophania est destiné à un public jeunesse ?
Basile, Victor et Calixte, ces trois orphelins inspirés (mais pas décalqués !) de mes trois enfants, sont effectivement au cœur de la série. Est-ce que ça en fait une série pour la jeunesse ? Je ne sais pas, tout comme j’ignore si le fait d’avoir deux héroïnes principales (Calixte et Aristophania) permet de dire que c’est une série féminine. En revanche, ça en fait un récit d’initiation : le tome 2 ne parle d’ailleurs que de cela.
Un jeune lecteur va donc pouvoir s’y retrouver, d’autant qu’on y décrit trois formes de passage à l’âge adulte. Basile, l’aîné, comprend que, à terme, la violence ne résout rien. Victor, le cadet, que la raison ne permet de saisir qu’une facette de la vérité. Et Calixte, la benjamine, va accéder à un niveau de sensibilité et de compréhension supérieur sans renier sa part de naïveté.
Merci à Xavier Dorison d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Retrouvez dès à présent la série complète Aristophania en librairie :
Bonne lecture