Les Grands Espaces : interview de Catherine Meurisse (extrait)
La vie, l'amour (de l'art), les vaches. Dans Les Grands Espaces, Catherine Meurisse revient sur son enfance à la campagne.
Voici un extrait de l'interview de l'autrice dans le numéro 24 de Dargaud Le Mag.
DLM : Les Grands Espaces : pourquoi ce titre ?
C. M. : Il est à double sens. Au sens littéral, c’est ce que j’ai eu sous les yeux durant toute mon enfance dans un tout petit village à la campagne : les champs, les arbres, la nature… Mais c’est aussi les grands espaces mentaux : l’imagination, la liberté… que l’éducation que m’ont donnée mes parents a toujours favorisés.
DLM : L’album débute justement avec cette installation à la campagne. Pour vos parents, c’était un « trip » néo-baba ?
C. M. : Pas du tout ! Mes parents n’étaient ni des hippies, ni des néo-ruraux. Ils avaient tous les deux un lien avec la terre depuis longtemps (enfant, mon père avait même un peu poussé la charrue). Et après un bref passage en ville, ils ont tout simplement estimé que ce serait mieux pour nous de nous élever à la campagne.
Ce petit village rural, c’est donc le décor de l’album. Mais avec Les Grands Espaces, je ne voulais pas faire le récit d’un retour à la terre. C’est plutôt un regard, avec ma nostalgie d’adulte, sur ce paradis perdu de l’enfance. Et un questionnement sur ce que l’on fait de ce que nos parents nous transmettent.
(...)
DLM : Y a-t-il un lien avec votre précédent album La Légèreté ?
C. M. :Je ne suis pas sûre qu’il saute aux yeux, mais pour moi, oui. Sur deux planches dans les Grands Espaces, je m’attarde sur deux œuvres du peintre Hubert Robert. La première nous montre la grande galerie du Louvre grouillante de vie, peuplée de peintres qui viennent y copier des tableaux. La seconde le même lieu, mais en ruines, mangée par le lierre, avec plus qu’un seul peintre fidèle au poste. Avant/après la catastrophe : c’est une allusion à ce que je raconte dans La Légèreté.
DLM : Les Grands Espaces est beaucoup plus... léger, non ?
C.M. : Oui, le ton et l’ambiance n’ont rien à voir. Il n’y a rien de grave dans Les Grands Espaces, c’est beaucoup plus humoristique. Je me suis dépeinte comme une espèce de Mafalda, une enfant avec parfois des réflexions d’adultes… et un sens de l’observation aiguisé. Il y a des scènes au village où je relate des activités qui me semblaient très drôles -et complètement incongrues : cross de tondeuse, lancer de charentaise… J’ai aussi voulu avec cet album rendre un hommage à mes parents. Je ne sais pas s’ils le liront, mais je suis heureuse de l’avoir fait.
Retrouvez les Grands Espaces en librairie le 21 septembre