Conseils de lecture - Résilience : le pouvoir de guérison de l'Art
Voici une sélection de bandes dessinées sur la résilience, où les héro.ïne.s des histoires surmontent un traumatisme.
La résilience est la capacité à surmonter les chocs traumatiques. L'écriture et le dessin ont déjà prouvé leur pouvoir cathartique, mais, pour nous, lecteurs / lectrices, la lecture a également ses vertus. Aristote parlait de la libération des passions chez les spectateurs lors de la représentation d'une tragédie. Plus globalement, en psychanalyse, on loue ce phénomène libérateur à caractère émotionnel qui se vit lors qu'on est confronté à "l'extériorisation d'affects refoulés dans le subconscient". Les personnages dans les romans et les bandes dessinées vivent, comme nous, le deuil, la maladie et la violence du monde.
Voici donc une sélection d'histoires où la résilience joue un rôle majeur et où les héros / héroïnes surmontent leur traumatisme, Boris Cyrulnik parle de "déchirure raccommodée".
Lointains mes mots d'Anaële Hermans et Sandrine Revel
À la suite d’un AVC, Claire rencontre de sérieux problèmes de mémoire. Le vocabulaire lui échappe. Immanquablement, elle laisse des phrases en suspens, incapable de se souvenir de tel ou tel mot, pourtant simple. Un crève-cœur pour cette enseignante et traductrice de poésie, pour qui les nuances de la langue sont essentielles. Et une menace qui pèse sur son avenir professionnel. La jeune femme décide donc de changer d’air pour faire le point. Elle part de Madrid pour se rendre en Galice, à l’extrême ouest de l’Espagne. Elle y retrouve Beatriz, une amie dont elle a fait la rencontre récemment, biologiste, qui l’initie à la plongée sous-marine. Et si l’amitié et la découverte des profondeurs donnaient à Claire les clés pour se réinventer ?
Une histoire lumineuse pour raconter avec justesse et poésie, le handicap invisible, la résilience et la reconstruction.
La Légèreté de Catherine Meurisse
Le 7 janvier 2015, Catherine Meurisse, autrice de bandes dessinées et dessinatrice à Charlie Hebdo, est arrivée en retard à la conférence de rédaction hebdomadaire, échappant ainsi au massacre qui a décimé l’équipe du journal, une équipe avec laquelle elle a travaillé pendant plus de dix ans.
Elle n’est pas pour autant sortie indemne de ce drame. Traumatisée par la violence de l’attentat, elle n’a pas seulement perdu ses amis journalistes et dessinateurs, elle a aussi perdu l’envie de dessiner, la légèreté de vivre et jusqu’à la mémoire.
Après une telle destruction, à quoi bon continuer à dessiner, à quoi bon caricaturer l’actualité quotidienne, devenue dérisoire ? Plongée dans un état de sidération pendant des mois, Catherine Meurisse a cependant une intuition tenace : la beauté, comme un antidote à l’horreur, la sauvera. Dès lors, elle se lance à sa recherche, par tous les moyens : voir la mer, partir sur les traces de Marcel Proust – son « auxiliaire de vie » –, rêver au théâtre, sublimer les paysages…
Ce récit, unique et graphiquement jouissif, est une victoire et un hommage à « l’indispensable légèreté de l’être ».
Betty Boob de Véro Cazot et Julie Rocheleau
Quand Elizabeth se réveille dans son lit d’hôpital, après l’opération, elle remet sa perruque et réalise qu’elle n’a plus son sein gauche. Passé le premier moment de panique, alors qu’elle tente de reprendre une vie normale, elle est coup sur coup abandonnée par son compagnon et licenciée par sa patronne. Tout semble lui échapper. Va-t-elle sombrer ? Non, car voici qu’elle croise sur sa route une troupe de revue burlesque qui l’accueille en son sein (et sans son sein).
Grâce à l’humour, à l’art et à la fantaisie, la jeune femme, rebaptisée « Betty Boob », va trouver sous les feux de la rampe un chemin pour sublimer cette perte et en faire une occasion de changer le regard sur le cancer, mais aussi sur la féminité et les normes qui l’enserrent.
Une ode à la vie enlevée et onirique, un récit inspirant et étonnamment comique sur la perte et l'acceptation.
Motorossa de Jean Aubertin et Adèle Albrespy
Après le décès de sa mère, Franca, 18 ans, doit quitter Rome pour s’installer en Sardaigne chez sa tante et son oncle, dans la petite ville de Carbonia.
Il suffira d’une virée à moto en compagnie du jeune Silvio pour changer sa vie… Après avoir liquidé l’héritage de sa mère pour s’offrir une Ducati, elle décide de participer à la course de moto régionale organisée à Carbonia.
D’abord moquée par les habitants de l’île, qui voient en elle une étrangère arrogante, elle gagne peu à peu leur sympathie. La moto, au-delà du frisson de la vitesse, l’aide à surmonter son deuil et à renouer avec le plaisir de vivre.
Un premier roman graphique sensible et plein de caractère sur le deuil, l’amitié, la reconstruction… et la vitesse !
S'enfuir, récit d'un otage de Guy Delisle
Christophe André, membre d’une ONG médicale dans le Caucase, est enlevé dans la nuit du 1er au 2 juillet 1997. C’est sa première expérience dans l’humanitaire. Trois mois de mission, et il se fait kidnapper : « Est-ce que j’arriverai un jour à en rire ? » Au début, il pense en avoir pour vingt-quatre heures, trois jours au pire. Il restera enfermé cent onze jours, sans personne à qui parler, avec strictement rien à faire et presque rien à regarder : une ampoule nue au plafond, sa main menottée au radiateur, ses pieds sur le matelas, la porte fermée.
Comment tenir quand on ne sait pas ce qui va arriver, ni où, ni quand ? Christophe André s’accroche aux détails (pour témoigner) et s’acharne à retenir la date : il ne peut compter que les jours passés, les jours à venir restant dans le flou. Pour ne pas déraper, il s’enfuit dans sa tête en se racontant méticuleusement les batailles napoléoniennes. Ou en ruminant des plans d’évasion irréalistes.
Un témoignage poignant sur une prise d’otage et le quotidien d’une détention où le contrôle de l'esprit, la maîtrise des pensées est la seule liberté accordée au captif.
Lydie de Zidrou et Jordi Lafebre
1932 : un petit village quelque part entre la France et la Belgique.
Camille est une simple d'esprit. Son nouveau-né vient de mourir, et la jeune femme est désespérée. À tel point qu'elle se persuade que les anges du ciel ont ressuscité sa petite fille. Lorsqu'elle annonce à tous les habitants que Lydie est revenue, c'est la consternation. D'abord perplexes, l'épicier, sa femme, la maîtresse d'école, le docteur, le papa de Camille et même le curé vont jouer le jeu et se comporter comme si Lydie était vivante.
Ce récit bouleversant d'humanité met en scène des personnages particulièrement
attachants. Tous vont mettre de côté leurs scrupules et dissimuler leurs inquiétudes pour venir en aide à cette jeune maman endeuillée. Chacun à sa façon, selon son propre vécu, va contribuer au bonheur de Camille.
Une histoire pleine de délicatesse autour du deuil et de la solidarité. Les auteurs prouvent ici que la solidarité n'est pas un vain mot et que l'imagination, la poésie, l'humour et… l'amour de son prochain peuvent faire des miracles.
Filles uniques de BeKa et Camille Méhu (série en 5 tomes)
Elles étaient cinq filles « zarbies » rejetées par les autres élèves de leur établissement scolaire. À l’initiative de l’une d’elles, Chélonia, elles ont décidé de ne plus subir et d’unir leurs solitudes pour former le club des Mal-Barrées. C’est ensemble qu’elles affrontent désormais leur différence commune : une enfance en proie à des familles dysfonctionnelles.
« Sierra est comme Naruto. Elle n’arrive pas toujours à maîtriser le démon enfermé en elle », résume Apolline.
Une série saisissante et juste, engagée et salutaire, au cœur des préoccupations adolescentes, portée par 5 héroïnes attachantes.
Retrouvez tous ces albums en librairie, bonne lecture !
