Cati Baur chante l'hymne à la sororité heureuse !
Quatre copines, une crise de la quarantaine, un burn-out, une grossesse… Un récit drôle et astucieux qui met en scène quatre parcours de vie et de renouveau autour d’un projet commun.
Table des matières
C’est LA comédie dont toutes et tous ont besoin ! Quatre meufs d’une quarantaine d’années, amies, aux parcours de vie différents, décident de se réunir autour d’un projet collectif joyeusement nommé « Pisse-Mémé » : un bar associatif où l’on pourrait lire, faire du yoga, passer du bon temps.
Back to topPissé-Mémé : à lire sans modération
Dans cet album, Cati Baur mêle astucieusement quatre trajectoires, qui ensemble prennent le chemin d’une sororité heureuse. Une comédie qui fait du bien, portée par un graphisme élégant et délicat, qui évoque l’esprit de Posy Simmonds.
Pour Marie, Nora, Camille et Marthe, tout commence lors d’une soirée d’anniversaire bien arrosée entre copines. « Si un jour on gagne au Loto, on ouvre un bar à tisanes ! » Une idée un peu folle, lancée pour rire. Un coup de pouce de la vie va faire de la blague une réalité. C’est ainsi, sur le chemin d’une sororité heureuse et joyeuse, que naît leur café « Pisse-Mémé ».
Back to topL'interview de Cati Baur
Cati Baur, l’autrice de Quatre sœurs (Rue de Sèvres) et de Igor (Little Urban) signe son premier roman graphique chez Dargaud. À cette occasion, elle a accepté de répondre à quelques questions sur la genèse de son album et sur les changements de vie.
Comment vous est venue l’envie de créer et de raconter cette histoire ?
Probablement après une soirée entre filles, pendant une de ces fameuses insomnies de trois heures du mat’ qui sont le résultat de l’équation : plus de 40 ans + plus de deux verres. Ce qui est sûr c’est que le livre a mis très longtemps à infuser, et quand l’histoire a été prête à sortir, patatras ! Covid. Ça m’a tétanisée. Comment écrire cette histoire joyeuse et optimiste dans ces conditions ?
Quel est votre rapport à la sororité ? Vous racontez et dessinez souvent des histoires et des destins de femmes…
C’est clairement mon sujet préféré. On n’en a jamais fait le tour. Et puis, moi qui ne lis quasiment plus que des femmes, je n’ai aucun scrupule à mettre en scène des personnages féminins éloignés du male gaze encore bien trop présent en littérature et en BD. Trop longtemps, le groupe d’amies a été présenté comme un nid de vipères où la concurrence est rude (ah, ce fameux mythe des femmes rivales…), c’est à nous aujourd’hui de montrer d’autres modèles, d’inverser la tendance et de présenter l’amitié féminine comme un moteur d’émancipation.
Avez-vous dans votre entourage des personnes qui ont eu envie ou besoin de changer radicalement de vie ? Ou vous-même, d’ailleurs ?
J’ai amorcé pas mal de virages assez serrés dans ma vie, changé de voie un certain nombre de fois, et j’ai pu constater – à titre personnel – que, si c’est difficile et pas forcément sécurisant, on ne peut en sortir que grandi.
Je pense que beaucoup de monde peut se sentir concerné par une envie de changer de vie, mais ce n’est pas tant une histoire de courage que de possibilité : c’est paradoxalement plus faisable de devenir artisan boulanger sur un coup de tête quand vous avez un solide bagage universitaire et fini de payer votre appart que quand vous êtes coincé dans un emploi précaire avec une famille à charge.
Pensez-vous que ce besoin de changement est symptomatique de notre époque ?
Bien sûr, et particulièrement depuis la crise du Covid, où beaucoup de personnes ont eu l’opportunité (forcée) de ralentir, faire un pas de côté et expérimenter d’autres façons de vivre. Mais évidemment, il faut souligner encore une fois que c’est une préoccupation des classes aisées.
Les autres ont juste dégringolé, travaillé encore plus et le changement s’est surtout imposé au bas du ticket de caisse ou sur l’automate de la station-service, hélas.
Vos quatre héroïnes sont-elles inspirées de personnes réelles ? Il y a un côté très réaliste dans le récit et dans votre dessin fourmillant de détails pris sur le vif.
Mes héroïnes ne sont pas inspirées d’une personne mais des multiples destins de femmes que j’ai pu rencontrer ou observer. Ce ne sont pas des stéréotypes, j’espère, mais elles sont le fruit de leur parcours, de leurs origines sociales aussi. Je suis très intéressée par les questions sociétales, les questions de classes et cet intérêt nourrit mon travail, forcément.
Nora, c’est la fille au parcours exemplaire, transfuge de classe, courageuse et travailleuse. Droite dans ses baskets, elle commence à vriller le jour où elle se rend compte qu’elle a coché toutes les cases par revanche sociale, pour plaire aux autres au détriment d’elle-même.
Pour les jumelles, issues de la grande bourgeoisie, d’un milieu très codifié, j’avais envie de mettre en scène des sœurs que leur mère passe son temps à comparer entre elles (et aux autres).
Résultat : elles sont très soudées mais ne cessent de se chamailler en pointant systématiquement chez l’autre les défauts qui les insupportent chez elles.
Elles cherchent (et parviennent) à se défaire du regard des autres mais le regard le plus impitoyable est celui qu’elles posent sur elles-mêmes.
Marie c’est la résilience, la débrouille : une maman solo qui fait partie de cette armée invisible qui se lève tôt pour des petits boulots d’aide à la personne, qui cumule plusieurs jobs précaires et qui vit comme ça sans avoir le temps de souffler, de respirer.
J’ai vécu ce genre de quotidien quelques années et c’est probablement le personnage dont je me sens la plus proche.
J’espère les avoir toutes les quatre rendues uniques et vivantes.
Merci à l'autrice Cati Baur d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Pour retrouver les trajectoires de ces quatre meufs, rendez-vous en librairie ou sur 9ème Store pour découvrir Pisse-Mémé, le nouveau roman graphique feel good !
Bonne lecture !
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