Un amour de Betty…

Par l'équipe Dargaud

Il débutera l’an 2000 en charmante compagnie : celle de Betty Page. Associé à Rodolphe, Alain Bignon entame un retour dans la BD, quatre ans après son dernier album.Quatre années séparent la parution des 4 morts de Betty Page de votre précédent album, Il faut y croire pour le voir (avec Forest). Pourquoi un tel laps de temps ?Parce que j’ai des activités multiples — qui n’ont pas grand-chose à voir avec la bande dessinée — et qui me prennent une grosse part de mon temps ! J’espère toutefois, dans l’avenir, pouvoir me consacrer d’avantage à la bande dessinée et au dessin… Il y a là une liberté qui m’attire terriblement.Vous signez ce nouvel album avec Rodolphe. Pourquoi ?C’est une vieille histoire ! On s’est connus il y a 15 ou 20 ans, grâce à un ami commun, un certain Jacques Lob. Ce nom vous dit encore quelque chose ? Jacques était non seulement un scénariste hors pair, mais quelqu’un qui aimait faire en sorte que les gens dont il appréciait le travail et la personnalité se rencontrent, se découvrent, décident éventuellement de travailler ensemble…Vous aviez déjà travaillé en compagnie de Rodolphe ?Oui, il y a une dizaine d’années nous avons réalisé un ensemble d’histoires courtes pour Glénat. Pour des numéros spéciaux de Circus…Auparavant vous aviez collaboré avec Guy Vidal et Jean-Claude Forest. Ont-ils tous les trois un dénominateur commun ?Oui. Un dénominateur commun qui s’appelle l’amitié. Pour ma part, il me serait impossible de travailler hors ce rapport d’amitié… Pour le reste, ils ont en effet tous les trois des formes d’expressions, des thématiques, des sensibilités qui leur sont propres…Les 4 morts de Betty Page est publié chez l’éditeur belge P & T Productions. Vous aviez précédemment été édité aux éditions Dargaud, aux Humanos et chez Delcourt. Pourquoi ces changements ?Sans doute parce que le nomadisme est dans l’air du temps ! Alors je fais comme tout le monde : je me balade !…Qu’est-ce qui vous plaît en Betty ?Sa féminité, bien entendu ! Gosses, on est tous finalement amoureux de sa mère et de son institutrice ! Dans Betty, c’est ça que je retrouve : cette vision en contre-plongée d’une femme, avec jupe ample et poitrine avantageuse !… L’image d’une femme ronde, courbe, rassurante, souriante, gentille ! L’image aussi d’un temps révolu où l’on était porté par ses fantasmes. Revenir sur ce temps disparu, le ressusciter, en éterniser l’instant, c’est là quelque chose que je ne pouvais pas refuser !Qui était Betty Page ?Je vous l’ai dit : elle était ma mère et mon institutrice. Une de ces dames qui, gamin, vous prend sur ses genoux, de façon presque innocente. Presque, mais pas totalement. De la part du gamin en tout cas. Car celui-ci en profite pour voir, sentir, toucher, se frotter au maximum…Les 4 Morts de Betty Page représente-t-il une forme de biographie du modèle américain ?Une forme ? Oui, tout à fait ! Pas une bio officielle, c’est sûr, mais une bio quand même, version Bignon & Rodolphe !… L’Histoire vous savez, est évolutive. Les historiens, les avocats, les biographes, sans cesse s’approprient, ré-écrivent, ré-inventent. Alors pourquoi les auteurs de BD n’auraient-ils pas le droit de faire de même ? Je suis sûr que Betty a vécu l’histoire (policière) qu’on lui fait vivre. Je suis là pour l’attester. J’y étais. Avec mes crayons et mes pinceaux.À propos de crayons et de pinceaux, n’est-il pas difficile de faire vivre en tant que personnage quelqu’un qui a vraiment existé ?Tout tourne autour de l’idée d’interprétation. Si je plante mon chevalet dans la campagne, je ne découpe pas pour autant un bout du paysage avec mes ciseaux ! Ce que je pose sur ma toile, ce que j’emmène, c’est le paysage vu à travers moi, à travers mes yeux et ma main ! L’artiste est là pour donner une cohérence aux choses, pour construire un système cohérent… Et, bien sûr, ce qui est valable pour un peintre et un coin de campagne l’est tout autant pour Betty Page et un dessinateur de BD… Le personnage que je présente, c’est Betty vue à travers moi. Ma Betty. Celle d’Alain Bignon !Et la création du New York des années 1950 ? Cela ne vous a pas posé de gros problèmes ?Bah, problèmes de cuisine et d’intendance. Sans intérêt pour le public !Ces derniers temps vous avez travaillé sur des albums “longs métrages”. Il faut y croire pour le voir fait 100 planches, Les 4 morts de Betty Page en fait 82…C’est l’affaire de mes scénaristes. Mais si l’histoire qu’ils ont à raconter a du rythme et du souffle, pourquoi pas ? L’important c’est d’adapter la longueur du récit à l’importance du propos… Ces deux histoires avaient besoin de cette longueur… Dans d’autres cas, des albums de 46 ou 64 pages m’ont tout à fait satisfait…Quels sont vos projets ?Je vous l’ai dit : essayer de dessiner d’avantage ! Et approfondir aussi une certaine réflexion sur mon travail ! Tenter de trouver un type de dessin qui me satisfasse plus encore : un dessin peut-être plus figuratif, plus réaliste mais qui conserve néanmoins cette singularité qui est la mienne. Le réalisme absolu est un leurre. Reste toujours une épaisseur, quelque chose de lié à la personne, l’originalité du regard qui observe… L’histoire de la main qui écrit ou dessine…Vous avez toujours réalisé des albums indépendants. Des “one-shot” comme on dit aujourd’hui. N’êtes-vous pas tenté par le principe de la série ?C’est là en effet quelque chose sur quoi je réfléchis : créer un personnage récurrent, installer un climat, définir une galerie de personnages secondaires, les positionner par rapport à des situations données, trouver une façon simple et légère de parler de choses importantes. Celles du temps et les nôtres. J’espère y arriver…Charles Kerloc’h

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