Motorossa : la vie à toute vitesse !
Sous le soleil de Sardaigne, une jeune héroïne se passionne pour la moto suite à un deuil. Un récit sur une jeunesse insulaire et contrastée.
Motorossa, est un roman graphique sensible et plein de caractère sur le deuil, l’amitié, la reconstruction… et la vitesse !
Back to topMotorossa
Franca, dix-huit ans, quitte Rome à la mort de sa mère pour venir habiter chez son oncle et sa tante à Carbonia, en Sardaigne.
La rencontre de Silvio, un jeune du village, est l’occasion pour elle de monter pour la première fois sur une moto… et c’est une épiphanie ! La vitesse, la puissance et le danger ont un pouvoir palliatif lui permettant peu à peu d’oublier sa peine.
Elle décide alors de liquider l’héritage prévu pour ses études et d’acheter une moto pour participer à la course régionale sur le circuit de la ville, où rien ne se passera comme prévu…
Back to topPremier roman graphique
Motorossa est le premier album de Jean Aubertin, d’inspiration autobiographique et co-scénarisé avec Adèle Albrespy, spécialisée dans le cinéma documentaire.
Contrairement à ce que le titre et la couverture pourraient laisser croire, la moto n’est ici qu’une occasion d’évoquer des sujets plus intimes, comme le deuil, la reconstruction et le passage à l’âge adulte. Ce qui n’empêche pas Jean Aubertin de mettre en scène avec maestria le vrombissement des moteurs, la frénésie de la compétition et sa fascination pour cet engin.
Dans Motorossa, la moto n'est qu'un prétexte
Jean Aubertin
Son trait faussement naïf rend un bel hommage aux formes élancées de ces machines, mais aussi à une Sardaigne gorgée de soleil, magnifiée par sa maîtrise des couleurs, ainsi qu’aux personnages de cette histoire, qu’il réussit à rendre tellement vivants et proches de nous.
Un récit inattendu qui fait souffler un vent de fraîcheur sur le paysage de la bande dessinée d’aujourd’hui, et qui laisse augurer un beau parcours d’auteur, riche d’un regard sensible sur la vie et les gens.
Un grand merci à Jean Aubertin qui a accepté de répondre à quelques questions.
Comment est né Motorossa ?
J’ai commencé à y penser au printemps 2021. C’était une manière d’évoquer le thème du deuil, auquel j’ai été confronté en 2019 lorsque ma mère est décédée. C’est à ce moment-là que j’en ai parlé à Adèle. Ensemble, nous avons tissé une histoire afin de transformer cet épisode douloureux en quelque chose d’autre.
Quels sont les thèmes de l’album ?
La moto n’est qu’un prétexte. C’est un récit d’apprentissage qui traite du passage à l’âge adulte et de la manière dont nos choix de vie se construisent. Franca, l’héroïne, est tiraillée entre Rome et la Sardaigne, entre la modernité et une vie plus archaïque, entre la fidélité à la volonté de sa mère, qui lui a laissé un héritage pour financer ses études, et l’envie de tout dépenser pour s’acheter une moto.
Quand on a 18 ans, il est difficile de prendre des décisions qui nous engagent pour toute une vie, alors que l’on ne sait pas encore qui l’on est vraiment… Mais nous pensons que ce genre de question se pose à tous les âges.
Pourquoi avoir situé Motorossa en Sardaigne ?
C’est une Sardaigne fantasmée, mais c’est aussi une manière détournée de parler de lieux que nous connaissons bien, la Corse pour moi et la Sicile pour Adèle. L’Italie a donné naissance à de grands pilotes, comme Giacomo Agostini ou Valentino Rossi, mais aussi à de grandes marques comme Ducati ou Aprilia, et on y trouve de nombreux circuits, même dans de petites villes.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Motorossa se nourrit de mes souvenirs de vacances en Italie, quand j’étais enfant.
Je traînais des pieds pour aller visiter les musées d’archéologie, je préférais manger des glaces Spider-Man… J’ai toujours fantasmé sur l’art de vivre italien, et l’album associe le mythe de la vitesse à celui des statues antiques.
Comment vous êtes-vous partagé les rôles avec Adèle Albrespy pour l’écriture du scénario ?
Nous avons beaucoup discuté, écrit l’histoire ensemble et construit le parcours des personnages.
Puis je créais le story-board des scènes, parfois de six à dix pages, que je lui soumettais pour qu’elle me donne son avis.
C’est grâce à ces phases que nous avons trouvé une narration qui soit à la fois juste et rythmée. Mais la trame était là depuis le départ, avec cette idée d’une jeune fille qui s’achète une moto pour surmonter son deuil.
J’avais aussi envie de mettre en scène une course. J’aime les histoires où il y a de l’action.
Quelles sont vos influences ?
J’ai mélangé des références très différentes. Je suis fasciné par les dessinateurs qui sont dans l’épure, comme Joost Swarte, Yves Chaland ou Serge Clerc. Leur trait est à la fois efficace, élégant et précis. J’apprécie aussi le travail de Brüno sur le rythme et le dessin.
Je voulais une histoire fluide ; j’apprécie les bandes dessinées dans lesquelles le texte ne vient pas heurter la lecture, et dont chaque case nous emmène à la suivante.
Par moments, vos cases flirtent avec l’abstraction…
Cette histoire parle de moto, donc de vitesse, et il faut que les lecteurs éprouvent cette sensation. Certaines solutions graphiques sont en effet de l’ordre de l’abstraction, comme les traits de vitesse. J’ai été influencé par les mangas, à travers ces éclairs et ces flashs qui viennent zébrer mes cases. Toute la difficulté consistait à les placer au bon moment pour ne pas systématiser les sonorités. J’ai voulu faire preuve d’harmonie graphique.
Au fait, vous êtes motard ?
Non, pas du tout, je ne suis même jamais monté sur une moto ! Mais c’est un objet fascinant, qui incarne la puissance et le danger.
Back to topUn peu de lecture :
Retrouvez les premières pages de Motorossa de Jean Aubertin et Adèle Albrespy, avant de foncer en librairie :
Bonne route !
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