Les Vieux Fourneaux ont 10 ans... ils ne les font pas !
La série culte de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet fêtent leurs 10 ans cette année !
Table des matières
Lancée en 2014 avec la sortie, la même année, de Ceux qui restent et Bonny & Pierrot, la série Les Vieux Fourneaux a surgi sans crier gare, en s’imposant d’emblée comme une série qui allait bousculer pas mal d’idées reçues.
Back to top
Bousculer les idées reçues
Sur les “Vieux” d’abord, à travers le trio de héros octogénaires autour duquel tourne l’intrigue, et auxquels Wilfrid Lupano et Paul Cauuet ont su donner une personnalité, une épaisseur et une crédibilité sans précédent.
Sur la comédie ensuite, en faisant le pari d’une histoire capable de combiner satire sociale, dimension politique, chronique sociétale et saga familiale, et de nous offrir à chaque fois un instantané incisif de notre société.
Sur le dialogue intergénérationnel enfin, au sein de l’intrigue de la série, mais aussi dans la vraie vie. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les libraires, les lecteurs et les lectrices de tous âges et de tous horizons témoigner de leur attachement et de leur familiarité avec l’univers des Vieux Fourneaux, à l’instar des grands classiques les plus populaires du 9e art.
Back to topLes vieux dans l'air du temps
Les Vieux Fourneaux, c’est aussi un ton irrévérencieux, une langue savoureuse et une capacité à capter l’air du temps, à mettre le doigt sur les travers contemporains, à refléter les débats qui traversent l’actualité et à raconter l’évolution à bas bruit de la société. Le huitième tome de la série n’échappe pas à la règle : rendez-vous avec Pierrot dans un café, à Montparnasse.
À partir d’une banale scène du quotidien – commander un café –, Wilfrid Lupano et Paul Cauuet pointent, sous la légèreté et la drôlerie de la scène, une forme de maltraitance numérique infligée aux “vieux” et à toutes celles et ceux que la dématérialisation à marche forcée laissent sur le bas-côté. Parions qu’on en reparlera...
Back to topRetour à Montcœur
C’est l’été, Montcœur est sec comme un 49.3. La canicule est telle qu’on voit même le fond de l’étang la Gibelette! Du jamais-vu.
Pourtant, ce n’est pas la météo qui va empêcher Sophie d’organiser une fête pour les soixante ans du Loup en slip, le théâtre de marionnettes itinérant créé par sa grand-mère Lucette. L’occasion de se replonger dans les souvenirs et de dépoussiérer quelques vieilles photos. Parce que Le Loup en slip, dans le coin, c’est pas rien...! On attend du monde à la fête.
Antoine est bien sûr de la partie, avec pour mission de raconter à sa petite-
fille les circonstances dans lesquelles ils sont tombés amoureux, avec Lucette. Et donc de se replonger dans les souvenirs de ces temps heureux, qu’il reconstitue... à sa façon.
Naturellement, Pierrot fait le déplacement, mais voilà, est-ce la chaleur ? Il semblerait que le vieil anar entende des voix. Fraîchement descendu du bus, le voilà qui se précipite à l’église ! Pour les piliers du bar de La Chope, sidérés, ça ne fait aucun doute : Pierrot en train de prier, c’est que ça va mal, voire que ça sent carrément le sapin!
Va falloir agir…
Et Mimile alors ? Eh bien lui, il prend la pose avec l’équipe de rugby locale : ce n’est pas tous les jours qu’on envoie un joueur au Stade toulousain !
Bref, une journée presque comme les autres dans la vie des Vieux Fourneaux, qui va vite se révéler un poil orageuse, avec une invitée surprise, une brusque montée de rancunes oubliées, un bracelet électronique, Tolstoï et un coup de théâtre final dont…
Mais chut, on ne vous en dira pas plus ! Le tout se déroulant bien entendu sous le regard plus ou moins vaporeux des habitués de La Chope, commentateurs hors-pairs du petit théâtre de Montcœur.
Un épisode-clé de la série Les Vieux Fourneaux, sensible, gouailleur et généreux, où la tendresse affleure sous les vannes et où l’amitié se confond avec la vie.
On rit beaucoup sans que cela ne tarisse l’émotion et on savoure pleinement cet art du récit et de la répartie auquel excelle Wilfrid Lupano, et auquel le trait puissamment expressif de Paul Cauuet donne tout son relief.
Back to topInterview de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet
Comment l’idée de cette série, et de ses personnages, vous est-elle venue dans les années 2010 ? Qu’est-ce qui vous a plu – et vous plaît toujours – dans ce trio atypique ?
Wilfrid Lupano : On a décidé ensemble, avec Paul, que la thématique centrale de notre série serait la transmission. Le monde qu’on laisse aux générations d’après. D’où le choix de ces personnages qui sont plus proches de la fin que du début, mais aussi de Sophie, la petite-fille d’Antoine, enceinte dans le premier tome, qui incarne la génération suivante.
Ce choix nous permettait de montrer nos héros à tous les âges de leur vie, au cours de la série. On les voit enfants, ados, jeunes adultes, etc. Et ça nous permettait du même coup de balayer les soixante-dix dernières années de l’histoire de France. Une mine !
En quoi cela a-t-il pu représenter un défi narratif et artistique ?
Paul Cauuet : Plutôt habitué jusque-là aux univers graphiques imaginaires et improbables, j’avais très envie de changer de registre. Alors dessiner une histoire contemporaine avec des personnages “vieux” a été un très chouette défi !
J’ai dû faire mes gammes, essayer de trouver un style, trouver le juste milieu entre réalisme et caricature, comprendre les corps âgés, chercher de la doc (facile, il suffit de regarder autour ^^) et surtout trouver les bonnes gueules, les bons physiques pour nos vieux fourneaux. Le casting a été long, mais on voulait vraiment proposer un trio aux petits oignons!
Le ton des Vieux Fourneaux est celui de la comédie, avec des personnages très incarnés. Mais c’est une comédie ancrée dans le réel : on y retrouve les combats politiques et syndicaux, l’évolution du monde du travail, la mutation de l’économie, une réflexion sur la contestation, l’émancipation, l’engagement. Pourquoi ce choix ?
Wilfrid Lupano : Nos personnages ne sont pas des héros, ce sont des gens ordinaires, ancrés dans une région, le sud ouest. Ils ne sont pas uniquement des témoins de notre époque, ils en sont les acteurs, mais aussi les victimes.
Ils sont investis, mènent des combats, et subissent également les changements de notre époque. On veut parler de la vraie vie, dans cette série. Celle qu’on connaît. Et nos vieux fourneaux sont parfaits pour ça. Avec cette galerie de personnages, on dresse le portrait des générations “victimes et bourreaux” de la modernité. C’est cette zone grise qui nous intéresse.
Paul Cauuet : Les Vieux Fourneaux n’est pas une série sur la vieillesse, mais une série où les personnages principaux sont vieux. Elle est le parfait aboutissement des nombreuses discussions, anecdotes et visions de notre époque et du monde que Wilfrid et moi avions avant même de commencer à travailler dessus. Les thèmes d’actualité, les sujets de contestations sociales, tout comme les aberrations de notre temps sont le terreau inépuisable de nos histoires.
Les Vieux Fourneaux et ses personnages, quasiment devenus des archétypes, connaissent un énorme succès populaire et transgénérationnel. Comment le percevez-vous en tant qu’auteurs ?
Paul Cauuet : C’est toujours très motivant et gratifiant de voir avec quelle impatience les lecteurs attendent le nouvel album et avec quel plaisir ils retrouvent nos personnages. D’autant plus que le spectre générationnel de notre public est très large. Par exemple, je connais une fan de 11 ans dont le personnage préféré est Berthe ! On est loin de la Reine des Neiges, là. On est aussi ravis de voir fleurir nos personnages et leurs répliques sur des banderoles ou pancartes dans les manifs de France. On est très fiers que les gens se réapproprient nos persos et leurs idées pour défendre la lutte des profs, la sauvegarde des urgences d’un hôpital, ou une ZAD. C’est une série open source, en fait !
Avec ce 8e tome qui sort pour les 10 ans de la série, on renoue avec un ton intimiste, qui interroge la manière dont on se remémore et dont on raconte le passé. En quoi cette dimension, plus psychologique, est-elle essentielle à la série ?
Wilfrid Lupano : La série explore depuis le début le rapport entre vérité et points de vue. Et le concept de vérité n’en sort pas vraiment gagnant, j’en suis désolé. Il est très difficile de se constituer une histoire commune : chacun interprète l’actualité, le passé, sa propre vie et celle des autres à travers un certain nombre de biais. Le story telling, c’est ce qui fait de nous des humains. Comme nous avons des personnages aux caractères très différents, les points de divergence ne manquent pas. Et c’est ce qui fait de la bonne tragi-comédie.
Back to topEn librairie
Retrouvez vos trois octogénaires préférés dans toutes les librairies :
Bonne lecture
Back to top