Le Dieu-Fauve, le coup de maître de Vehlmann et Roger
Une fresque sauvage, un récit choral poétique et captivant, un ballet incessant entre la vie et la mort, le règne animal et l’humanité !
Table des matières
Le duo d'auteurs Vehlmann-Roger, propose un conte philosophique impitoyable : Le Dieu-Fauve, dans lequel la nature et l’humanité révèlent toute leur violence.
Pour nourrir son clan et prouver sa valeur, le jeune singe Sans-Voix s’aventure au cœur des terres de « l’ancienne peur » et se fait capturer par des humains. Entre leurs mains, dressé pour devenir un combattant des arènes, il se révèle une véritable machine à tuer, de la race de ceux qu’on appelle « Dieu-Fauve ».
Back to topUn conte philosophique impitoyable
Quatre personnages, quatre voix, quatre rapports à la violence et à la destruction : avec ce récit choral qui marque leur grande première dans l’univers de l’heroic fantasy, Fabien Vehlmann et Roger réalisent un coup de maître !
Commençant comme un documentaire animalier, l’histoire de Sans-Voix devenu Dieu-Fauve se révèle rapidement être un conte philosophique profond et dense, interrogeant aussi bien notre rapport au vivant (et au monde animal en particulier) que notre goût pour la violence et notre attitude face à l’effondrement d’une civilisation.
Entre utopie et pragmatisme, comment trouver une voix juste et ouvrir un avenir possible ? C’est dans une urgence absolue et un danger permanent que les personnages tentent de répondre à cette question, dans une quête où les scènes de combat épiques succèdent aux moments de tension insoutenable.
Avec un dessin aussi élégant que nerveux et des découpages à couper le souffle, Roger magnifie cette histoire pleine de bruit et de fureur. Une lecture riche et captivante, pour un sommet du genre !
Back to topEntretien avec Fabien Vehlmann
Avec Le Dieu-Fauve, vous nous plongez dans un récit d’un genre que vous n’aviez pas encore abordé : l’heroic fantasy…
Fabien Vehlmann : C’est vrai que je ne m’étais pas encore aventuré sur ce terrain… Et pourtant c’est une envie très ancienne, qui remonte à mon adolescence, pendant laquelle j’étais un gros consommateur du genre.
Parmi les œuvres qui m’ont le plus marqué, je pourrais citer Conan le Cimmérien, le recueil de nouvelles de Robert E. Howard, La Quête de l’Oiseau du temps, de Loisel et Letendre, ou encore les illustrations de Frank Frazetta. Mais pendant des années, le genre a été très à la mode et à mon avis un peu galvaudé. J’avais donc laissé cette envie de côté.
Et puis ces derniers temps, je cherchais le moyen d’aborder deux sujets qui m’obsèdent : la violence d’une part et la perspective d’une fin de la civilisation de l’autre, avec les questions à la fois intimes et politiques que cela peut poser. L’heroic fantasy est revenue toquer à ma porte !
C’est donc un bon véhicule pour aborder des questions philosophiques ou politiques ?
Fabien Vehlmann : Oui, je pense. C’est un genre où les questions se posent de manière viscérale, pulsionnelle ! En cela, c’est très adolescent, ce qui n’est pas du tout péjoratif… Mon premier souci quand j’aborde un genre, c’est de répondre à certains stéréotypes attendus.
Quand on fait un western, il faut des colts, des saloons et des diligences. Pour l’heroic fantasy, il faut des guerriers musclés, des paysages sauvages, des armes tranchantes, des massacres… Mais une fois que ces stéréotypes sont en place, il faut trouver comment les tordre ou les dépasser pour apporter une singularité au récit.
Pour cet album, cela passe par un récit choral et quatre personnages forts et ambigus, qui tous ont un rapport différent – mais jamais univoque – à la violence.
Pouvez-vous nous les présenter ?
Fabien Vehlmann : Il y a d’abord le singe, Sans-Voix, qui vit dans une société animale, où existe une forme de violence parfois terrible mais toujours amorale : il n’y a pas de volonté de nuire pour elle-même ni de perspective de vengeance à long terme.
Des hommes le capturent et en font un Dieu-Fauve, une machine à tuer. Il est donc à la fois victime et bourreau.
Le poète cherche sa place dans un monde qui lui échappe. Il fait l’amer constat que l’art est impuissant à juguler ou à sublimer la violence, que dans les situations de crise la culture ne sert à rien. Mais peut-être se trompe-t-il ?
La guerrière vit dans l’instant présent. Elle accueille la violence – et même la mort – avec une forme d’indifférence, très inspirée pour moi du zen et des philosophies orientales.
Elle ressent néanmoins une forme de lassitude…
Quant au quatrième personnage, je laisse les lectrices et les lecteurs découvrir comment il articule le pragmatisme et l’utopie…
Loin d’être des stéréotypes philosophiques, ces personnages sont véritablement incarnés, avec des émotions et des personnalités que le travail de Roger traduit magnifiquement. Comment avez-vous décidé de travailler ensemble ?
J’ai l’immense chance de pouvoir travailler avec des gens que j’admire. C’est le cas de Roger, dont je suis un grand fan depuis long-temps. Ses livres précédents, en particulier Jazz Maynard, me poussaient plutôt à lui pro-poser une histoire policière.
Mais un jour, j’ai vu un dessin qu’il avait posté sur les réseaux : une guerrière aux prises avec un énorme crocodile à la gueule béante. Donc je lui ai parlé de mon projet, qui était encore un peu flou, et, alors qu’il n’avait jamais dessiné d’heroic fantasy, il m’a fait confiance.
Aujourd’hui, ce choix m’apparaît comme une évidence : ses découpages hyper dynamiques servent parfaitement les scènes d’action, et son encrage fin et sensuel, très riche en détails, donne véritablement vie aux personnages pour que nous puissions être au plus près de leurs émotions. C’est vraiment un dessinateur époustouflant !
Back to topUn peu de lecture
Découvrez dès à présent les premières planches de Le Dieu-Fauve, et rendrez-vous en librairie !
bonne lecture
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