Dalí en BD, une biographie de l'artiste par les auteurs de Pablo
Une plongée fascinante dans la vie d’un des plus grands artistes de tous les temps : Salvador Dalí ! Interview de Julie Birmant et Clément Oubrerie, les auteurs de cette nouvelle série.
Table des matières
Sous la plume érudite de Julie Birmant et le crayon virtuose de Clément Oubrerie vivez une immersion dans le Paris des années 1920 et 1930, à la rencontre d’Éluard, Breton, Miró , Magritte… et à la naissance de l’histoire d’amour entre Gala et Dalí, sa muse absolue.
Back to topDalí avant Gala
Figueras, fin des années 1910. Excentrique et rêveur, le jeune Salvador inquiète son père, qui craint qu’il ne soit déficient.
Après la mort de son épouse, il consent à inscrire son fils à l’Académie royale des beaux-arts de Madrid. Le jeune homme passe des heures au Prado, en extase devant les toiles des grands maîtres de la peinture, qu’il analyse avec une intelligence prodigieuse.
Mais il rencontre aussi quelques camarades qui vont le sortir de sa solitude et lui faire prendre conscience de son génie. Ils s’appellent Federico García Lorca, Luis Buñuel, Pepín Bello.
Avec eux, puis avec les surréalistes qu’il rencontre en arrivant à Paris, Dalí va peu à peu laisser libre cours à ses névroses dévorantes et à son ambition sans limites.
Back to topAutour de Dalí
Federico García Lorca
Depuis leur rencontre en 1922, jusqu’à l’assassinat du poète par les milices franquistes en 1936, Dalí et Lorca furent liés par des sentiments qui tenaient à la fois de l’amitié, de l’admiration, de la complicité artistique… et de l’amour, même si, selon Dalí, il ne fut jamais consommé.
Luis Buñuel
Hâbleur et sportif, amateur de bras de fer et d’hypnose, Buñuel est le premier de la bande à partir pour Paris, où il se lance dans le cinéma en devenant l’assistant de Jean Epstein. Pendant
les vacances de Noël 1928 à Cadaquès, Dalí et lui écrivent ensemble Un chien andalou, qui les propulsera sur le devant de la scène.
Pablo Picasso
« Il y a en lui quelque chose de maléfique et de très vieux. Voilà Dalí : Méphisto, tiens ! » Quand Dalí arrive à Paris en 1927, sa première visite est pour son compatriote Pablo Picasso, alors au sommet de sa gloire. Le début d’une longue relation, entre amitié et rivalité.
Back to topDalí avant Dalí
C’est un Dalí sans moustaches que l’on découvre dans ce récit, et un Dalí d’avant Gala, sa muse et épouse qui sera si structurante dans la vie et l’œuvre du peintre. Un Dalí avant Dalí donc en quelque sorte.
Pourtant, tout est déjà là, en germe : les fulgurances de la pensée et de l’imagination, la profonde sensibilité artistique, mais aussi les névroses envahissantes, au premier rang desquelles une terreur sexuelle qui frise l’hystérie.
Le duo Birmant-Oubrerie raconte la jeunesse [de Dalí] dans l’excellent Avant Gala : tout à la fois libertaire et talentueux, agaçant et génial, iconoclaste et tête de pioche.
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Des scènes drôles, poétiques, truffées de références composent un récit parfaitement structuré, dans lequel Julie Birmant et Clément Oubrerie nous font rencontrer ce jeune homme attendrissant et sympathique qui s’éveille à lui-même.
Fins connaisseurs de la première moitié du XXe siècle et de l’histoire de l’art, la scénariste et le dessinateur parviennent à traduire l’effervescence intellectuelle et artistique dans laquelle Dalí se coulera avant de la sublimer et de la subvertir.
Ce sera la suite de l’histoire ; il faudra d’abord rencontrer Gala. Patience… elle arrive !
Back to top"Nous essayons de comprendre comment Salvador Dalí est devenu Dark Vador."
Julie Birmant et Clément Oubrerie explique, dans cette interview, la genèse du projet, leur travail de recherche ainsi que leurs influences.
Comment est né ce projet sur Salvador Dalí ?
Julie Birmant : Après avoir raconté la jeunesse de Picasso dans le Montmartre des années 1900 et 1910, je voulais travailler sur les surréalistes, au sortir de la Première Guerre mondiale : Breton, Aragon, Soupault et les autres.
On oublie parfois l’immense libération qu’a apportée ce mouvement : avant eux, on ne parlait pas des forces sombres de l’inconscient. Je cherchais donc un moyen de raconter cette histoire qui me fascine, et la figure de Dalí s’est imposée.
Pourquoi ?
J. B. : Parce qu’il a mangé le surréalisme ! Qui connaît André Breton aujourd’hui ? Même Aragon est assez oublié. Tandis que Dalí, qui s’est brouillé avec tous, est un des peintres les plus célèbres au monde ! Et ce qui est fascinant, c’est que son œuvre est à la fois très intello et hyper accessible.
Le duo talentueux d’auteurs de Pablo, la biographie en quatre volumes de Pablo Picasso, récidive avec un autre peintre espagnol, tout aussi incroyable.
La Croix
Clément Oubrerie : Pour moi, Dalí était plus une personnalité fantasque qu’un peintre digne d’intérêt. Je ne m’étais jamais intéressé à sa peinture. C’est seulement en lisant ses livres, La Vie secrète de Salvador Dalí et Journal d’un génie, que j’ai été séduit par son sens de l’autodérision, sa folie, la singularité de son univers. Il s’y raconte avec sincérité et est impitoyable avec lui-même : il ne se voile pas la face et laisse s’exprimer sa part d’ombre.
C’est à partir de ces livres autobiographiques que vous avez travaillé ?
J. B. : Ces livres sont une de nos sources car ils nous font pénétrer dans de la tête de Dalí. Nous avons aussi bien sûr lu tout ce qui existait comme biographies plus académiques. Mais nous avons surtout beaucoup regardé ses tableaux, que nous avons pris comme des pièces à conviction, avec une question : qu’apprend-on de lui en les regardant ?
Et alors ?
C. O. : Ses tableaux sont comme ses journaux intimes, ils sont peuplés de ses obsessions et de ses lubies et c’est finalement ce qui les rend intéressants. Ce sont de vraies visions intérieures, des rêves éveillés nourris par les théories de la psychanalyse et du surréalisme.
J. B. : Les sauterelles et les mantes religieuses par exemple sont un thème essentiel de l’œuvre de Dalí, visibles ou cachées dans bien des toiles, du Grand Masturbateur à l’Angélus de Millet. C’est lié à la terreur sexuelle. Outre son désir trouble pour Lorca, il était convaincu que s’il faisait l’amour avec une femme, il allait exploser. Sans Gala, qu’il rencontre à 25 ans, jusqu’à quel âge serait-il resté puceau ? C’est elle qui le rend fréquentable, car cette terreur le poussait à la frontière de la folie.
C. O. : Dans ses tableaux, on peut aussi comprendre son rapport au classicisme, à la tradition des grands peintres. Il se veut révolutionnaire, mais avec une technique picturale académique. Il méprise la peinture « moderne » ; pour lui, seul le photoréalisme est gage d’une œuvre de qualité. C’est d’ailleurs ce qui va lui faire produire, sur le tard, des œuvres extrêmement kitsch.
Quelle est votre intention avec cette biographie ?
J. B. : Nous essayons de comprendre comment Salvador Dalí est devenu Dark Vador. Ou, si vous préférez, « Avida Dollars », comme le surnommait Breton grâce à une anagramme de son nom.
La rupture avec les surréalistes est une clé. Tous vont s’étrangler d’indignation quand Dalí dira que Hitler l’excite, et lui aura beau jeu de rétorquer que le surréalisme, c’est cela : libérer ses pulsions sans aucune censure morale. Le drame, c’est qu’à force de jouer au clown et de ne rien choisir, il va effectivement finir par lécher les bottes de Franco dans les années 1930…
Le dessin est vivant, le récit enlevé et plein d’humour – on rit beaucoup des frasques de ce jeune homme loufoque et encore maladroit.
L'Oeil
C. O. : Dalí est un personnage fantastique à mettre en cases. C’est une sorte de croisement entre Buster Keaton et Don Quichotte. Ses moulins sont des mantes religieuses ou des aisselles poilues, il se bat contre des blattes à coup de rasoir et réalise des acrobaties involontaires sur les toits de Figueras. Que rêver de mieux ?
Un mot sur la couverture du tome 1 qui évoque Fantômas ?
J. B. : J’adore l’image de Fantômas qui plane sur Paris et qui était hyper populaire dans les années 1910 et 1920. Picasso d’ailleurs l’aimait beaucoup. Clément l’a donc reprise pour figurer le jeune Dalí arrivant à Paris avec des idées de conquête. On peut lire dans sa Vie secrète qu’il voulait « mettre Paris dans un sac ». L’image est assez mystérieuse mais très évocatrice. Il y a dans le livre d’autres images en pleine page qui entremêlent la vie, les visions, le rêve et les références… Je le laisse nous dire comment il s’y est pris pour les imaginer.
C. O. : Méthode paranoïa-critique dalinienne : je ferme les yeux et laisse les images venir à moi, mais je les ouvre ensuite pour dessiner !
Back to topUn peu de lecture
Découvrez en avant-première les premières pages de Dalí - Tome 1 - Avant Gala de Julie Birmant et Clément Oubrerie :
Bonne lecture !
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