F'Murrr

Richard Peyzaret, plus connu sous le drôle de pseudo F'Murrr, naît à Paris le 31 mars 1946. Il suit des études vagues et secondaires au lycée Charlemagne, où il réserve l'essentiel de son temps à des gribouillages sur tous les supports disponibles (ou indisponibles) et à la lecture intensive de BD, avec une prédilection pour les albums d'Hergé et de Franquin.

Après avoir testé sans conviction le dessin d'humour, il passe six ans à l'École supérieure des arts appliqués Duperré, pui rejoint l'atelier de Raymond Poïvet, où il rencontre, entre autres, Gigi, Dimitri et Mandryka. Ce dernier lui présente Goscinny, et F'Murr débute dans 'Pilote' en 1971 avec ses « Contes à rebours ». Les planches non retenues seront publiées dans l'album « Au loup ! » (Minoustchine, 1974).

Toujours dans 'Pilote', il commence en 1973 l'improbable « Génie des alpages ». Après des débuts mitigés, la série finit par s'imposer et apporte à son auteur estime, célébrité et fan-club. Entre 1976 et 2007, Dargaud publiera 14 albums, ainsi qu'une intégrale en trois tomes (2019-2023). Par ailleurs, c'est dans le riant décor des « alpages » que Naphtalène fait ses débuts, avant de devenir elle-même une héroïne vedette du magazine en 1974. Ses histoires seront reprises plus tard dans l'album « Tartine de clous » (Dargaud, 1981).

Après un bref passage dans 'Le Canard sauvage' et 'Circus' (avec « Porfirio et Gabriel », repris en album en 1980), puis une collaboration peu concluante à 'Fluide glacial', F'Murr s'installe à 'Métal hurlant'. On lui demande de la science-fiction, il propose « Jehanne d'Arc » (si, si !), dont il publie quelques récits de deux pages en 1976 et 1977.

Deux ans plus tard, il entraîne sa protégée vers d'autres pages ; ils inaugurent le numéro 1 d' '(À Suivre)', qui accueille leur première histoire longue. Ce récit est repris dans un album intitulé « Jehanne au pied du mur » (Casterman) qui paraît en 1980. Plus tard F'Murr imagine les aventures de son fils, Timofort, qu'il raconte dans « Tim Galère » (Casterman, 1985).

F'Murrr est également l'auteur de plusieurs récits isolés. En 1985, « Robin des boîtes » (Futuropolis) réunit plusieurs gags de « F'Robin F'des F'Bois » parus dans ‘Fluide glacial' ainsi que plusieurs inédits (rééd. Dargaud « Robin des Pois à Sherwood », 2011). En 1985 et 1986, il commente à sa manière l'invasion de l'Afghanistan par les chars russes dans ‘(À suivre)' ; ces « Histoires déplacées » sont reprises dans un album intitulé « Le char de l'État dérape sur le sentier de la guerre » (Casterman, 1987).

Pour le 50e anniversaire du personnage de Spirou, F'Murrr imagine « Spirella mangeuse d'écureuils » (Khani Éditions, 1988), où une espèce de Spirou femelle et un écureuil baraqué comme un ours entretiennent des rapports équivoques... Signalons encore deux nouvelles gestes moyenâgeuses, « Le Pauvre chevalier » (Casterman, 1990 ; rééd. Dargaud, 2003), qui reçoit l'Alph-Art humour du festival d'Angoulême en 1991, puis « Les Aveugles » (Casterman, 1992 ; rééd. Dargaud, 2005). En 2007, il signe le dernier épisode du « Génie des alpages », « Courent dans la montagne » (Dargaud).

F'Murrr disparaît le 10 avril 2018. En 2019 paraît un ultime ouvrage posthume « 2000 Meufs » (Dargaud).

En résumé, F'Murrr a traversé quatre ou cinq moutures de 'Pilote', et participé au lancement d' '(A Suivre)', de 'Métal hurlant' et de 'Circus'. Il a très certainement contribué à éveiller des vocations de loufoquerie parmi la jeune génération de la BD. Et son « Génie des alpages » reste un modèle de réjouissante pagaille et de non-sens rigoureusement maîtrisé, absolument uniques dans la bande dessinée ovine contemporaine.