Voie de garage, une réflexion sensible sur le sens donné au mot "normalité"
Inspirée d’un fait réel, l’histoire singulière de Paulin, personnage excentrique, interné en raison de sa passion pour les trolleybus.

Table des matières
L'histoire
Quand il était enfant, Paulin admirait les trolleybus qui roulaient dans Lausanne. L’école ne l’intéressait pas vraiment, en dehors de la poésie.
Adulte, il sillonne les rues au volant de trolleys imaginaires faits de bric et de broc, vêtu d’un uniforme de conducteur. Les passants s’en amusent, la télévision lui consacre un reportage, et deux de ses véhicules sont exposés au musée d’Art brut de la ville.
Un jour, Paulin est interné dans un hôpital psychiatrique, après s’être bagarré avec des types qui avaient voulu casser l’un de ses trolleys. Un avocat et un journaliste prennent alors sa défense, tandis qu’une manifestation populaire s’organise.
La question est posée : celui qui réinvente la réalité en jouant à l’autobus est-il une menace pour la société ?
Rythmé par la célèbre chanson de Pierre Vassiliu, « Qui c’est celui-là ? », satire des soi-disant braves gens qui n’acceptent pas la différence, Voie de garage nous interroge sur la notion de normalité.
Back to topInspirée de faits réels
Paulin, le héros malheureux de cette histoire, est inspiré par Martial Richoz (1962-2024), figure célèbre et pittoresque des rues de Lausanne dans les années 1980. Richoz « conduisait » un simple chariot bricolé qu’il poussait devant lui, muni d’un volant et d’un faux distributeur de billets, et fut interné à l’âge de 23 ans.
© Jean-Philippe Daulte
Paulin explique à sa grand-mère que ses trolleys l’aident à supporter le monde qui l’entoure et qu’il se réfugie dans son imagination pour éviter la dépression. Les médecins, dépassés par son inventivité et imperméables à sa fantaisie, prétendent le guérir en l’enfermant, mais c’est la meilleure manière de le rendre fou pour de bon…
Je crois que beaucoup de gens ne me comprendront pas, parce qu'il faut une imagination qui dépasse beaucoup de gens, et notamment certains psychiatres. […] Ce que la société appelle « ma folie », ce n'est autre qu'une souffrance terrible, qui s'est transformée en dépression. La seule chose qui me maintient, c'est mes trolleys
Martial Richoz
Un reportage de la RTS consacré à Martial Richoz :
On a parlé d'"Affaire Martial". À la suite de l'internement de ce dernier, de nombreuses manifestations ont eu lieu pour s'opposer à cet acte jugé inutile. Qui sommes-nous pour juger ceux qui, face à la dureté du monde, se réfugie dans le jeu ou l'imaginaire ? D'objet de curiosité à célébrité locale, Martial est devenu un symbole pour beaucoup.
Back to topPourquoi on aime
❤ Le thème de la "normalité", de la bonne santé mentale, est un sujet de société crucial, quasi philosophique. La bonne santé mentale doit-elle être définie par notre soumission aux normes sociales ou, au contraire, par notre aptitude à choisir la liberté ?
❤ Le dessin d'Arnaud Nebbache, à l'univers graphique fort, qu'on retrouve avec plaisir après le superbe album Brancusi contre États-Unis. Découvrir Paulin dessiné est un bel hommage à la créativité libre de Martial Richoz et de tous les artistes différents et méconnus.
❤ La tendresse pour le personnage de la scénariste Sophie Adriansen que l'on ressent à chaque page et qui nous touche droit au cœur.
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Nous vous invitons à découvrir ce récit inspirant qui interroge la frontière, floue et changeante, entre pathologie et normalité.
Bonne lecture !
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