#Interview : Aude Picault parle d'Amalia
Après Idéal Standard, le nouveau roman graphique d’Aude Picault pour toutes les héroïnes du quotidien !
Efficace et débordée au travail, disponible et serviable en famille, Amalia se met en quatre pour que tout soit parfait.
Mais son corps, en résonance avec un monde en crise écologique, ne tient plus. Devenue intolérante au rendement, Amalia devra tout réinventer. Un chemin qui mène de l’effondrement intérieur vers la lumière !
Avec Amalia, Aude Picault dépeint le quotidien d’une jeune femme en butte à la pression de la performance et menacée d’épuisement généralisé.
Une plongée tourbillonnante dans la réalité de la charge mentale.
Causette
Observatrice lucide du monde comme il va, Aude Picault le met en scène avec une apparence de légèreté pour mieux pointer du doigt la dureté de la société dans laquelle chacun s’efforce, tant bien que mal, de trouver sa place. On est cependant en droit de refermer ce livre avec optimisme en se disant que rien n’est perdu.
Une artiste talentueuse au sens de l'observation incroyable
France Inter
Amalia est le nouveau grand récit sur notre époque d’Aude Picault, inspiré de sa vie et de nos vies, avec une acuité douce, amusée et féroce.
Aude Picault, scénariste et dessinatrice qui navigue entre description du réel et quête de l’intime, a pris le temps de répondre à quelques questions :
L'Équipe Dargaud : Après Idéal Standard et les questions existentielles liées à la trentaine, vous mettez en scène le surmenage, à la fois personnel et professionnel.
Aude Picault : Amalia se situe dans la continuité d’Idéal Standard. J’aborde le thème de l’épuisement : comment en sommes-nous arrivés, à force de nous auto-exploiter, à être imperméables à l’épuisement du monde ?
Le personnage principal, Amalia, à devoir tout mener de front, va tomber malade et faire une « intolérance au rendement ». Amalia est-il un album politique ?
Oui, dans la mesure où je mets en scène de simples citoyens, des parents et leurs enfants, dans une société qui impose d’être en permanence dans la performance. Toute la question est de savoir comment cette famille va se retrouver, se réconcilier, dans un contexte social très formaté et une situation écologique angoissante.
Comment faire face à cette menace d’épuisement qui nous concerne tous ?
Ne rien faire est insupportable, espérer que les politiques bougent est décevant, et changer de vie du jour au lendemain pour se lancer dans la permaculture est très difficile !
Il s’agit alors d’imaginer des leviers d’action personnels. Chacun s’efforce de trouver une solution, à son niveau, afin d’exister en se respectant soi-même tout en s’ouvrant à un monde plus vivant.
Ce thème de l’épuisement vient-il d’un constat objectif sur l’état du monde ou de votre expérience personnelle ?
Un peu des deux… Nous sommes toutes et tous le produit d’une société, et ce que nous vivons à titre personnel est le reflet d’un symptôme global. Quand mon expérience me sensibilise à un sujet, je regarde autour de moi, me renseigne et me documente. Si ce sujet entre en résonance avec l’extérieur, je peux me lancer dans un projet de livre. Mais si j’ai l’impression d’être la seule concernée, ça ne suffit pas.
Vos personnages ne réagissent pas de la même manière…
Contrairement à Amalia, qui s’effondre littéralement, Karim, son compagnon, va mieux résister. C’est un sportif, l’injonction à la performance lui convient très bien, elle le valorise en lui permettant de se dépasser.
Malgré la maladie d’Amalia, il ne remet pas le système en question, jusqu’au jour où son emploi est mis en danger. À ce moment-là, il commence à se poser des questions.
Quel est le rapport entre autobiographie et fiction dans votre travail ?
Je mélange toujours les deux. J’ai besoin d’utiliser la fiction pour aborder les thèmes qui m’intéressent, mais ce sont aussi des sujets qui me touchent à titre personnel.
Je me sers beaucoup de ce que je vis au quotidien pour incarner mes personnages et leur donner une réalité.
À la fin de l’histoire, Amalia est-elle tirée d’affaire et prête à s’engager dans une nouvelle direction ?
J’utilise une ellipse temporelle, pour laisser à Amalia le temps d’évoluer. En s’ouvrant à ce qui la touche, ce qui l’intéresse, en ne subissant plus sa vie, on la découvre engagée dans une nouvelle façon d’être, plus apaisée.
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Bonne lecture !