Charlotte Impératrice, le destin hors norme d'une princesse "anti-Sissi"
Le destin de Charlotte de Belgique : une épopée politique, un superbe portrait de femme ! Retrouvez l'interview du duo Nury-Bonhomme
Table des matières
Entre romanesque, mélancolie et humour plus ou moins noir, Fabien Nury et Matthieu Bonhomme, en parfaite complicité, relatent le destin d’une femme intelligente et courageuse qui sera broyée par des enjeux qui la dépassent, par la violence de son milieu et par le simple fait qu’elle n’est "qu’une femme".
Back to topTout ce que j’aime dessiner est là, mais le point de vue est neuf, on découvre un monde sans pitié à travers les yeux de cette jeune femme, et cela décuple l’impact émotionnel.
Matthieu Bonhomme
Acte I : La Princesse et l’Archiduc
Charlotte de Belgique, seize ans, fille du roi Léopold Ier, est en âge d’être mariée. L’heureux élu sera, plutôt que l’héritier du Portugal, le fringant archiduc Maximilien d’Autriche… La famille royale est ravie de ce choix : quelques difficultés diplomatiques avec le Portugal sont à prévoir, mais le royaume de Belgique sera lié à la dynastie des Habsbourg, et c’est l’essentiel.
Après dix mois pour négocier la dot et la contre-dot, la cérémonie historique a lieu à Bruxelles. Charlotte est radieuse. Le monde entier envie la princesse… Pour elle, ce n’est que le début d’une impitoyable descente aux enfers.
Back to topLa vie et la tragédie de cette jeune femme, ballottée au gré de la politique internationale, sont très évocatrice de la folie générale de ce qu’on appelle “l’ère des Empires”, cette période pas si lointaine où une demi- douzaine de familles, toutes liées entre elles, régnaient sur la majorité de la population mondiale.
Fabien Nury
Acte II : L’Empire
Le premier volet aurait pu être adoubé par Luchino Visconti, tandis que ce deuxième tome évoque un western âpre à la Sam Peckinpah, gorgé de lumière et de paysages mexicains contrastant avec les fastes princiers.
Le personnage de Charlotte prend toute son ampleur, superbe figure de femme prise en tenaille entre ses nobles ambitions et ses frustrations personnelles. Une héroïne est née, et il nous tarde de découvrir la suite de sa destinée.
Ce que nous voulions avant tout, c’est faire le portrait d’une femme.
Matthieu Bonhomme
Charlotte de Belgique a épousé Maximilien d’Autriche pour le meilleur et pour le pire – surtout pour le pire. Désormais, la voilà impératrice du Mexique.
Lorsque le couple impérial pose le pied en terre mexicaine, Charlotte découvre la réalité du pays, qui étouffe entre la guérilla de Benito Juárez et l’occupation de l’armée française. Tandis que son mari cède à ses vieux démons – les femmes, l’alcool, le farniente –, elle s’insurge contre les conditions de vie des Indiens, soumis à la violence et à l’exploitation. En l’absence de Maximilien, elle fait voter une loi instaurant notamment la suppression des peines corporelles et la limitation des heures de travail.
Adulée par le peuple mexicain, détestée par les caciques, Charlotte est aussi en proie à des désirs inavouables…
Back to topActe III : Adios, Carlotta
Avec une narration parfaitement maîtrisée et une inventivité graphique toujours renouvelée, les auteurs nous entraînent nous aussi dans le tourbillon dans lequel Charlotte vacille, entre cérémonies officielles, escapades romantiques, scènes d’action à couper le souffle et réminiscences d’une vieille légende maya. L’emprise est totale…
Charlotte et Maximilien tentent tant bien que mal de régner sur le Mexique, qui est toujours profondément divisé. Avec le soutien des États-Unis, les républicains de Juarez contrôlent une bonne partie du pays et mènent la vie dure aux troupes impériales de Maximilien, soutenues par l’armée française.
De la BD historique pleine de sang, de sueur et de larmes.
Télérama
Pendant ce temps, à la cour, on s’inquiète de l’absence d’héritier. Charlotte, qui n’a jamais été insensible aux charmes de son aide de camp, envisage de donner, grâce à ses « services », une descendance à son mari, tandis que ce dernier, embourbé dans ses problèmes diplomatiques, prépare une adoption. Les deux époux n’ont plus en commun que l’amour sincère de ce pays dont ils ne parviennent pas à se faire aimer en retour.
C’est là le drame de Charlotte : plus elle découvre le Mexique, son peuple, son histoire et ses légendes, plus le sol semble se dérober sous ses pieds… Et si c’était sa raison qui vacillait ?
Back to topL’interview
Comment construisez-vous votre histoire, qui est à la fois très documentée et pleine de résonances avec notre époque actuelle ?
M. B. : C’est vrai que la documentation est importante. Pour dessiner une robe, une poignée de porte, un fauteuil, je dois aller chercher une source pour que ce soit crédible et varié ! Surtout pour les robes d’ailleurs, parce que Charlotte en change chaque jour ! C’est à cela qu’on voit qu’elle est une princesse. Et j’ai de la chance, car notre histoire se passe à une époque où la photo est en train de se généraliser et où il y a encore une grande tradition de peinture classique, surtout pour les têtes couronnées ! J’ai donc de quoi faire. Mais une fois qu’on a ces sources, historiques et graphiques, on fait des choix. Ce que nous voulions avant tout, c’est faire le portrait d’une femme.
F. N. : Exactement. Le travail de documentation, historique et pictural, est essentiel car il assure une assise à notre histoire. Mais il ne suffit pas. Il faut une intention ! Pour ne pas être prisonniers de nos sources, énumérer des dates et tomber dans le parascolaire, il faut une vision plus humaine, psychologique, politique et mythologique. Nous privilégions ces dimensions, sans volonté de faire un discours ou de défendre une cause… Si les lecteurs sont pris dans l’histoire et s’attachent aux personnages, c’est réussi. Si en plus ils perçoivent des résonances avec notre époque, c’est encore mieux !
On sent entre vous une grande confiance et un réel plaisir de travailler ensemble…
F. N. : Le travail avec Matthieu est un pur bonheur. Il y a une part solitaire pour chacun de nous : pour moi, le scénario, pour lui, le dessin. Mais entre les deux, il y a un très gros travail en commun sur le story-board.
M. B. : Oui, c’est vraiment notre terrain de jeu ! On réfléchit ensemble, on discute beaucoup, on essaie des choses. Et après, on élimine, on retravaille. Pour certaines pages, on a trois ou quatre versions différentes.
F. N. : Tout cela nous permet de trouver la musique de l’album, son rythme, ses harmonies. Et quand Matthieu se met au dessin pour de bon, toute la narration est en place. Le dessin devient plus libre, en fait. Et comme Matthieu est hyper talentueux, il fait des merveilles !
M. B. : Ce qui est super, c’est de jouer avec les points de vue, pour amener parfois de l’ampleur ou de la proximité, et parfois une case à « gros budget » où on se lâche sur le dessin. À la fin, cela donne une sensation de densité alors qu’il n’y a pas tant de cases par page. Fabien a définitivement un œil pour ça : il me pousse à chercher et à aller toujours plus loin. C’est très épanouissant pour moi.
Merci aux auteurs d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Back to topAu cœur de la planche
Retrouvez l'intégralité de l'émission Au cœur de la planche consacrée à Matthieu Bonhomme et son travail sur la série Charlotte Impératrice
Solitude, pouvoir, trahison, folie : tous les ingrédients d’une épopée historique sont réunis, avec un parfum de tragédie authentique qui fait toute la différence.
Retrouvez la série Charlotte impératrice de Fabien Nury et Matthieu Bonhomme en librairie et sur 9ème Store :
Bonne lecture !
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