Blanc autour : interview de Wilfrid Lupano
Avec Blanc autour, Wilfrid Lupano et Stéphane Fert racontent l’épopée tumultueuse - et véridique - d’une école réservée aux jeunes filles noires dans le Connecticut du XIXe siècle.
Blanc Autour, récit aussi passionnant qu’émouvant, prend d’autant plus de force dans le contexte actuel de manifestations contre les violences raciales.
Wilfrid Lupano nous raconte la création de Blanc Autour dans une courte interview :
Comment avez-vous découvert l’histoire de Prudence Crandall, la fondatrice de cette école ?
J’avais prévu de raconter les destins croisés de deux abolitionnistes. L’un était un Blanc légaliste qui voulait faire évoluer les mentalités et la loi. L’autre, ancien esclave en fuite puis affranchi, était convaincu que les Noirs ne pouvaient obtenir leur liberté que par la force. En me documentant, j’ai appris l’existence de cette école, qui m’a semblée plus intéressante pour un lecteur européen.
Pourquoi son projet d'école a-t-il déclenché une telle hostilité ?
Un an avant l’ouverture de l’école, en Virginie, un esclave nommé Nat Turner s’était révolté à la tête d’un petit groupe, avec lequel il a tué une soixantaine de Blancs dans plusieurs plantations. Cet épisode a traumatisé l’Amérique blanche. À cette époque, certains États comprenaient quatre Noirs pour un Blanc, et le pouvoir ne tenait que par la force de l’asservissement. Or, Nat Turner savait lire et écrire. D’où la réaction de certains : selon eux, voilà ce qui arrivait quand des Noirs prétendaient s’instruire et s’élever au-dessus de leur condition.
Cette école a-t-elle changé les choses ?
Elle a contribué à faire évoluer les mentalités. Les jeunes filles se sont politisées, elles sont devenues des militantes acharnées de l’abolitionnisme et des droits des femmes.
Blanc autour entre en résonance avec les récents événements aux États-Unis...
L’album nous ramène à deux thèmes d’actualité : la lutte des femmes pour leurs droits et leur visibilité dans la société, et les violences policières à l’encontre des minorités. Ces violences sont cycliques aux États-Unis. Mais, de temps en temps, un cas comme celui de George Floyd devient un symbole dont tout le monde s’empare.
Le dessin est très doux et contraste avec la tonalité du récit...
Le graphisme de Stéphane est passionnant car il permet d’introduire de l’onirisme ou du surnaturel, et surtout de s’affranchir du côté « bande dessinée historique ». Le but était avant tout de raconter une bonne histoire. Et les jeunes filles restent des adolescentes insouciantes : elles vivent des moments drôles, elles ne sont pas des militantes toute la journée... Le sujet du livre est grave, il fallait éviter la surcharge pondérale émotionnelle !
Merci à Wilfrid Lupano d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Pour en savoir plus, voici une interview filmée lors d'une rencontre avec des lecteurs de Babelio.com
Retrouvez Blanc autour en librairie et, pour patienter, nous vous offrons la lecture des premières pages :
Belle lecture !